Vers le limogeage du sélectionneur national Vahid Halilhodzic

PARTIRA, PARTIRA PAS ?

Critiqué par Fouzi Lekjaâ, indésirable chez les supporters, Vahid Halilhodzic est plus que jamais sur la sellette. Le divorce semble consommé. Une décision qui devrait vraisemblablement être officialisée dans les prochains jours.

Rabat, 15 août 2019. Au siège de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), règne une ambiance solennelle. Le Maroc venait d’ouvrir un nouveau chapitre de son histoire footballistique. Le coach expérimenté Vahid Halilhodzic, sous son costume bleu marine, assorti d’une cravate de la même couleur, prenait les rênes de l’équipe nationale après la démission d’Hervé Renard un mois plus tôt. Poignées de mains chaleureuses avec Fouzi Lekjaâ, président de la FRMF, remise d’un maillot rouge floqué de son nom. Rien ne semble laissé au hasard pour marquer ce moment. Top départ pour quatre ans de collaboration.

Trois ans plus tard, l’enthousiasme d’alors s’est mué en pessimisme. Le héros est devenu paria. Et pourtant, son bilan plaide largement en sa faveur. En 30 matchs disputés avec Lions de l’Atlas depuis son arrivée sur le banc, il en a remporté 20, obtenu 7 nuls et a concédé 3 défaites. Avec une moyenne de 2,21 points par rencontre, il fait mieux que son prédécesseur, qui avait 1,87 après autant de sorties. Qui plus est, le Maroc est actuellement la 22e nation dans le classement FIFA et la 2e en Afrique derrière le Sénégal. Pourquoi alors ce changement d’attitude à son égard? Que lui reproche-t-on vraiment? Même l’intéressé n’y comprend rien. «Je ne comprends pas vos attentes», lâchait-il en pleine conférence de presse, après le match Maroc-Libéria du 13 juin 2022, comptant pour les éliminatoires de la CAN 2023.

Gestion du vestiaire
Mais, au-delà de ses résultats, c’est sa gestion du vestiaire qui est visiblement à l’origine de ce désamour. Particulièrement le cas Ziyech. L’ancienne pépite de l’Ajax Amsterdam n’a plus revêtu le maillot national depuis juin 2021, lors d’un match amical contre le Burkina Faso. Point de départ de sa querelle avec le Franco-bosniaque qui remettait en cause son implication en tant que leader de l’équipe et son comportement (voir encadré). Une polémique qui avait resurgi au lendemain de l’élimination du Maroc en quart de finale de la CAN 2021 au Cameroun, après les déclarations, en mars 2022, de Fouzi Lekjaâ sur son retour et celui de Mazraoui, l’autre banni pour les deux matchs contre la République démocratique du Congo (RDC) comptant pour les éliminatoires du Mondial 2022. Une annonce qui était perçue comme le fruit d’une réconciliation négociée en coulisses. Au finish, rien de nouveau sous le soleil. Seul le nouveau défenseur du Bayern est revenu dans la tanière.

Dimanche 3 juillet, coup de tonnerre dans un ciel déjà assombri. Invité de l’émission «Décryptages» sur la radio MFM, le président de la Fédération royale marocaine de football critique sévèrement coach Vahid. «Le sélectionneur national a échoué à créer un climat familial au sein de l’équipe nationale. Les raisons pour lesquelles certains joueurs ont été écartés sont très futiles (…) Nous avons décidé de contacter Mazraoui et Harit pour régler le problème avec eux», affirme-t-il. Mais c’est surtout sa déclaration sur Ziyech qui interpelle. «Il sera présent à la Coupe du monde», promet le patron du foot marocain, non sans annoncer que des décisions importantes seront prises dans deux semaines «lors d’une réunion du bureau fédéral»...

A travers ces dires, Lekjaâ démontre-t-il que l’entraîneur n’est plus maître à bord et a donc failli à sa mission? Peut-être. En annonçant le retour du joueur de Ziyech de manière catégorique, lui qui avait implicitement justifié sa retraite internationale par la présence de Halilhodzic sur le banc, pose-t-il déjà les prémices d’un futur divorce? Probable.

“C’est une histoire finie”
Une éventualité d’autant plus plausible, si l’on se fie aux propos de l’ancien coach du Japon qui déclarait en février 2022 à Maamôra, «il ne reviendra pas en sélection tant que je suis ici». Une posture qu’il a d’ailleurs tout le temps maintenue. «Le joueur qui refuse de s’entraîner, qui refuse de jouer, qui simule les blessures, pour moi c’est une histoire finie», confiait-il à la chaîne croate Nova TV fin avril 2022. «Lorsque quelqu’un se comporte ainsi, pour moi cette histoire est finie et je ne veux plus en parler. J’ai pris une telle décision. Le fait que quelqu’un pense différemment, c’est son affaire», renchérit-il. Technicien austère et homme de caractère, le natif de Jablanica, dans l’ex-Yougoslavie, peine à convaincre le public marocain.

Beaucoup de supporters et journalistes avaient réclamé son départ après la contre-performance à la dernière CAN. Une rumeur un temps agitée avant d’être balayée par un communiqué de la FRMF publié début mai 2022. «A l’image de plusieurs supporters de l’équipe nationale, je n’étais pas d’accord avec les choix tactiques du sélectionneur national. J’ai plusieurs fois demandé à Vahid Halilhodzic de ne pas changer de style de jeu et de formations d’un match à l’autre», confirme M. Lekjaâ dans la même émission radiophonique. Des critiques qui ont pris une nouvelle allure symbolisée par une pluie de huées lors des deux derniers matchs contre l’Afrique du Sud le 9 juin au Complexe Moulay Abdellah de Rabat, et face au Libéria quatre jours plus tard à Casablanca.

Exit Vahid, In Walid?
Tancé par son employeur, indésirable chez les supporteurs, l’ancien attaquant du FC Nantes est plus que jamais sur la sellette. Le divorce semble consommé. Une décision qui devrait vraisemblablement être officialisée dans les prochains jours. L’identité de son successeur est évoquée avec insistance dans les médias locaux et internationaux. Son nom, Walid Regragui (46 ans), l’actuel coach du Wydad... «Quand vous gagnez la Ligue des champions et la Botola et que vous luttez pour la qualification pour la demi-finale de la Coupe du Trône, il faut se rendre à l’évidence qu’il sera très difficile de rééditer ce parcours la saison prochaine.

Il est dans l’intérêt du Wydad qu’il y ait un nouvel entraîneur pour donner un nouvel élan. Et comme je l’ai toujours dit le Wydad est plus grand que Regragui», avait-il déclaré à la chaine sportive marocaine Arryadia, quelques heures après les déclarations de M. Lekjaâ. Simple coincidence? Pas sûr. Wait and See.

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