
L’élection de Donald Trump puis son investiture à la tête des Etats-Unis n’augure rien de bon pour plusieurs. Parmi eux, un certain Abdellatif Nasser, dernier détenu marocain dans la prison de Guantanamo. L’homme de 51 ans a peut-être perdu, de justesse, son dernier espoir d’être libéré, avec l’arrivée du nouveau président américain qui s’oppose clairement à la fermeture de ce camps spécialement dédié aux accusés de terrorisme et donc à la libération des quelques dizaines de prisonniers qui y sont toujours.
Détenu dans le tristement célèbre camp situé au Sud-est de Cuba depuis 2002, Abdellatif Nasser devait être libéré et extradé au Maroc en janvier 2017, au terme d’une procédure judiciaire entamée en juillet 2016.
Reprieve, un groupement international d’ONG impliqué en faveur de la libération des détenus de Guantanamo, a annoncé, le 19 janvier 2017, que le tribunal fédéral américain à Washington a refusé la libération du Marocain, s’opposant donc totalement à la décision du Periodic Review Board, une commission officielle américaine composée notamment de représentants des départements de la Défense, de la Sécurité nationale et de la Justice et des Affaires étrangères, qui avait ordonné, le 11 juillet 2016, la libération de M. Nasser.
Ce dernier devait profiter alors des derniers mois de l’administration de Barack Obama pour retrouver son pays d’origine, mais le département américain de la Justice explique que les autorités marocaines ont tardé à fournir des informations nécessaires avant la libération. La partie marocaine n’ayant répondu que le 28 décembre 2016, ce qui n’a pas suffi au département de la Défense, qui doit avertir le Congrès dans un délai de 30 jours après la décision de la commission.
Espoir évaporé
Originaire de la ville de Casablanca, il découvre la mouvance islamiste en intégrant les rangs d’Al Adl Wal Ihsane, organisation marocaine interdite au Maroc. Après deux ans d’études en physique- chimie à la faculté Hassan II dans la capitale économique, il rejoint son frère en Libye en 1990. Contrairement à ce dernier, rentré deux ans plus tard au Maroc, Abdellatif part en 1993 au Soudan, après plusieurs échecs à rejoindre l’Italie. Dans la capitale Khartoum, il rejoint un groupe islamiste appelé Daâwa Wa Tabligh et suit des cours en théologie. Deux ans après, il est recruté par une entreprise appartenant à Oussama Ben Laden, leader de l’organisation terroriste Al Qaida, qui commencera à influencer fortement le jeune Abdellatif.
Ce dernier décide d’ailleurs de rejoindre, en janvier 1997, le patron de l’organisation terroriste en Afghanistan en passant par le Yémen, la Syrie et le Pakistan. Et en 1998, il rejoint la capitale afghane, Kaboul, après être devenu un expert des explosifs. Il combattra pendant trois sous l’étendard des «jihadistes arabes» au sein des Talibans, et deviendra par la suite l’un des principaux leaders d’Al Qaida, décrochant le titre d’«Emir».
Mais il est contraint de battre en retraite sous la pression de l’invasion de la coalition internationale menée par les Etats Unis en décembre 2001. Abdellatif Nasser se retire alors à Jalal Abad puis dans la région montagneuse de Tora Bora avant de se réfugier au Pakistan avec une cinquantaine de combattants.
Mais c’était sans compter sur les services secrets américains qui l’ont traqué et réussi à le localiser. Il est arrêté le 15 décembre 2001 puis placé dans la prison de Kaboul avant d’être transféré au centre pénitencier américain de Kandahar, le 21 janvier 2002. Le mois de mai de la même année, il est transféré à Guantanamo, qu’il risque de ne pas quitter avant 2020, c’est-à-dire durant le mandant de Donald Trump