"Lhajjates", comédie de Mohamed Achaour


Philosophe malgré lui...


Elles n’ont de pèlerines que le nom…. Mais du hold-up elles ont tout le courage. Elles sont quatre, à renouveler leurs jeunesses, à faire la loi: voler aux riches, donner aux pauvres.

Peut-être avons-nous là un film soigneur, non pas de tempérament, mais de préjugé. Oui. Comme si le préjugé valait au moins quatre vérités réunies. Ou est plus utile. Lhajjates, ou les pèlerines, ici, n’ont vu des lieux saints que la distance qui les en sépare….

Par contre, leur âge, lui, est pèlerin, et malgré elles… il leur confère moyennant le vol sans façon qu’inflige la culture à la religion le grade d’honneur qu’on leur a voulu…et c’est tant mieux si, de là, elles sont mieux traitées… voyez l’utilité du préjugé..ou la nuisance d’une vérité. Le renversement de valeurs se fait de lui-même, le film y participe. D’ailleurs, on peut oser comme titre pour ce film: Le philosophe malgré lui… pourquoi? c’est que c’est une reprise du cinéma sociétal, ou d’une comédie humaine, pour appeler plutôt Balzac qu’un presque-Molière.

On ne peut, ici, reprocher au film de s’inspirer du réel, car, ici, le réel est novateur. Heureusement pour qui? Pour le film. Partant de là, la suite logique du film se fait même de tête. Bon, là, il fallut mettre les moyens…une idée, si simple qu’elle soit, peut coûter cher…non seulement à la production, mais voyez-vous, le génie du simple est d’un difficile…si l’idée est gratuite en argent, elle ne doit pas être gratuite. Ici, l’entremangement universel, ce qui n’est que la vie, a peut-être voulu que le film se serve de la marmite populaire, mais le génie aurait sûrement été de retravailler l’objet volé au point de le défigurer, ainsi le dissimuler.

On ne le dira jamais assez, mais le film marocain est fâché, osons-le, avec l’écriture. Bon, le train du film nous vient de là où vous savez: le préjugé…on l’aurait aimé mieux exploité. Il continue sur une histoire prête-à-être-pensée, qui fait des pseudo-pèlerines des révoltées-miracles, plutôt en phase avec leur temps.

Et si le rire était écrit?
Ou en sur-phase… car, celles-ci, comme des fées du Maroc, veulent restituer quelques liasses perdues, pour les mettre au profit des petites poches. Réussir, à leur échelle, là où le gouvernement a failli… c’est marrant mais c’est presque le film. Alors, raconter pour raconter, il fallut voir ces nouvelles vieillotes multiplier les films pour s’initier au vol, oui tout est affaire de vol ici… les adeptes du précepte fallacieux «la fin justifie les moyens» n’y vont pas par quatre chemins…à quatre chemins quatre pèlerines…Non, c’est lors d’une grosse festivité, un nabab qui marie sa fille, qu’elles traquent le million.

Un quelque-chose, comme un peu-de-crédibilité, faisait les scènes. Mais est-ce que l’humour aurait l’indulgence d’un bon dieu? Et si on oubliait de rire? Sûrement on verrait le décomposé, le ce-qui-tient-pas. Mais si le rire était de qualité….était écrit? On oublierait jusqu’aux travers. Peut-être qu’il faut initier une nouvelle catégorie de film: Le film normal. Ainsi l’on serait porté de plus de coeur et d’yeux fermés pour le juger moins sévèrement.

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