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L'état-nation en mouvement

Abdellatif Mansour

La déclaration de Laâyoune, un acte patriotique


Il n’est pas question d’entériner, par le fait accompli, un quelconque changement du statut juridique de la zone démilitarisée. Si l’ONU n’intervient pas, le Maroc agira en légitime défense.

On a souvent déploré l’éclatement extrême de la carte politique marocaine. À Laâyoune, le lundi 9 avril 2018, ils n’étaient pas une quarantaine de partis ayant pignon sur rue. Ils étaient une seule entité. N’étant pas tous présents dans les institutions représentatives, c’est l’une des rares fois où ils se sont retrouvés rassemblés dans un même lieu, s’écoutant parler du même sujet. Ils sont tous venus, ils étaient tous là, de leur plein gré. C’est à croire que la balkanisation partisane est parfaitement soluble dans un front uni, lorsque l’intégrité territoriale du pays est menacée. Un tel rassemblement, par sa nature même et par la charge historique de l’endroit, se devait de produire un document pour l’Histoire, de la même manière qu’il répond aux exigences suprêmes du moment. C’est fait. La déclaration de Laâyoune est née. Elle est signée par les composantes politiques du pays, les chioukhs des confédérations tribales et les représentants du mouvement associatif, toutes tendances confondues. La déclaration parle d’une seule voix, au nom de tous. On n’a pas vu une telle union sacrée depuis l’époque du Mouvement national, dans la lutte contre l’occupation coloniale.

Il est dit que des militants activistes et volontaires de toutes les régions du Maroc sont solidaires avec leurs compatriotes sahraouis dans leur combat contre les séparatistes locaux et leurs commanditaires algériens. Il s’agit là d’une tendance lourde de l’histoire du Maroc, depuis Moulay Ali Cherif; fondateur de la dynastie alaouite; à S.M. Mohammed VI, garant de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du pays, chaque fois qu’une partie du territoire national est sous une menace étrangère, les tribus affluent depuis les confins du Royaume. L’aspect tribal et maraboutique s’est atténué, sans vraiment disparaître; mais l’instinct patriotique demeure intact. C’est à cela que l’on reconnaît une nation et un État-nation. Une caractéristique distinctive, difficile à arranger en laboratoire politique, si tant est que l’Histoire est réputée têtue. Une vérité que nos voisins de l’Est n’arrivent pas à digérer. Or, cette vérité résume à elle seule l’affaire du Sahara dans ses ramifications régionales et continentales.

Voilà plus de 40 ans que les éléments du Polisario cherchent désespérément un toit. Ils avaient même fait une prouesse en créant un «État» (RASD) sans territoire. Ce qui dénotait dans leurs campagnes de propagande. Même si l’ex- OUA les avait reconnus sans toit ni loi, ni même de foi africaine. Le Polisario avait ainsi opéré le hold-up du siècle. Une fois les Sahraouis placés sous les tentes à Tindouf, en territoire algérien, contre leur gré, il leur fallait une adresse fixe pour leur «État». Peine perdue. Comme les vieux garçons qui ne veulent pas quitter le foyer familial, le Polisario a vécu, à ce jour, aux crochets de son tuteur algérien et grâce à l’aide étrangère, systématiquement détournée.

C’est précisément ce que le Souverain a mis en exergue dans la lettre adressée à Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU. Parmi les faits intangibles qu’il lui a rappelés, ceux d’une Algérie qui finance, abrite, arme et soutient diplomatiquement le Polisario. Comme quoi, la question du Sahara est une création algérienne et la solution à ce problème factice est entre les mains de l’Algérie. Ce ne sont pas des déclarations usitées, voire émoussées par le temps qui passe, sans une réelle prise sur le temps qui reste. Le danger du «déjà entendu» existe. C’est pourquoi S.M. le Roi a tenu à rappeler au S.G de l’ONU que «c’est un message d’alerte. La situation est grave… On est dans un changement du statut juridique et historique de la zone».

Aujourd’hui, le Polisario veut se donner une adresse où installer quelques structures en trompe-l’oeil, rapatriées de Tindouf. Il a jeté son dévolu sur des localités désertiques à l’Est du dispositif de défense, tels Tifariti ou Bir Lahlou. Un territoire que le Maroc a mis à la disposition de l’ONU pour en faire une zone démilitarisée. La transgression polisarienne est flagrante. Si la lettre de S.M. le Roi reste sans réponse et l’ONU sans intention d’intervenir, le Maroc agira en situation de légitime défense, dans la droite ligne du droit international.

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