Le ras-le-bol des travailleurs
SOCIAL. Relèvement des salaires, un préalable syndical rejeté par l’Exécutif. Compromis mutuellement acceptable ou confrontation ouverte au coût social et économique encore plus élevé?
Le ton monte sur le front syndical. Il fallait s’y attendre vu le blocage endurci que connaît le dialogue social depuis des mois. La coordination des trois principales centrales syndicales; Union marocaine du travail (UMT), Confédération démocratique du travail (CDT), Fédération démocratique du travail (FDT); tient bon. Elle vient de le démontrer par la tenue de trois réunions de concertation; les 13, 14 et 15 mai 2015; aux sièges de l’UMT et de la CDT. Le communiqué de presse qui s’en est suivi est d’une fermeté certaine. L’absence de volonté politique et le déficit d’écoute du gouvernement sont vertement dénoncés. Il est reproché à celui-ci de préférer un dialogue autour de principes communément admis; autrement dit pour rien; à des négociations sur la base d’une confrontation directe entre la demande syndicale et l’offre gouvernementale.
Miloudi Moukhariq, secrétaire général de l’UMT, a inlassablement répété que les rencontres avec l’Exécutif ne peuvent avoir de signification sociale qu’à partir d’une plateforme de revendications cardinales, à savoir: la hausse du seuil actuel du Smig et le relèvement des salaires; le relâchement baissier de la pressurisation fiscale sur le salariat; l’augmentation des allocations familiales et la protection des libertés syndicales.
Appel à un “dialogue urgent” Le gouvernement estime que la situation économique du pays et la marge des finances publiques, tout autant que la trésorerie de l’entreprise privée, ne peuvent supporter un supplément de dépense en terme de frais de fonctionnement et de masse salariale. Les syndicats soutiennent l’inverse et accusent la coalition gouvernementale de faire le choix de la facilité en maintenant la pression sur une population salariale au pouvoir d’achat largement laminé. C’est ce qu’on appelle un dialogue de sourds juste pour meubler l’absence d’une véritable négociation.
Le calendrier de mobilisation de la troïka syndicale se décline sur trois modes d’action et d’intervention: Des grèves sectorielles en fonction des disponibilités et de la particularité de chaque secteur d’activité. Des marches de protestation au niveau régional, les samedi 23 et dimanche 24 mai et les 30 et 31 mai. En plus de la présentation de plaintes auprès de l’Organisation internationale du travail (OIT), basée à Genève, contre le gouvernement marocain, pour non respect des conventions 98 et 144, concernant la négociation sociale et la concertation tripartite.
Au terme de ce plaidoyer pro-domo, l’alliance syndicale appelle le gouvernement à «ouvrir un dialogue urgent, responsable et positif». Cet appel sera-t-il entendu; à partir de quel état d’esprit et au prix de quel élan de convergence relative des points de vue et des positions? Les prochaines semaines devraient le révéler. D’ores et déjà, il apparaît qu’il n’y a de choix qu’entre un compromis mutuellement acceptable ou une confrontation ouverte au coût encore plus élevé en termes de journées de travail et de production perdus.