
CRISE. Aujourd’hui, au-delà des chiffres qui témoignent de la morosité du secteur, ce sont les prometteurs immobiliers qui, après avoir longtemps dissimulé les symptômes de la crise, tirent la sonnette d’alarme.
Quand l’immobilier va, tout va. Mais, depuis deux ans, le secteur, qui a connu son boom entre 2008 et 2012, traverse une crise sans précédent, caractérisée par une baisse très significative des mises en chantier de projets immobiliers et la stagnation des ventes du stock des logements. Aujourd’hui, au-delà des chiffres, ce sont les prometteurs immobiliers qui, après avoir longtemps dissimulé les symptômes de la crise, passent aux aveux. Ainsi, Youssef Benmansour, président de la Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers (FNPI) a tenu un point de presse pour exprimer ses inquiétudes face à la morosité du secteur.
«Le modèle économique actuel n’est plus valable. Le gouvernement n’a pas donné suite à nos propositions pour relancer l’activité», a assené d’emblée M. Benmansour. «Les promoteurs ne lancent plus de projets», souligne-t-il. Les difficultés financières d’Alliances, d’Addoha et autres CGI ont impacté négativement le secteur, précise-t-il.
Manque de visibilité
L’impact s’est fait ressentir au niveau de la création d’emplois. Le secteur, qui d’habitude crée en moyenne entre 50 et 60.000 postes d’emplois annuellement, a perdu 30.000 emplois en 2015. La cause? Le financement! Pour le président de la FNPI, il est nécessaire de réfléchir à des mécanismes de financement au profit de l’acquéreur, au-delà du système bancaire, «qui bloque aujourd’hui», précise-t-il. Selon les chiffres de la Fédération, les crédits immobiliers s’élevaient à 241,65 milliards de dirhams au mois de novembre 2015, contre 241,04 milliards un an auparavant, soit une légère hausse de 0,3% et de 2% par rapport au mois d’octobre 2015.
Par ailleurs, la FNPI fait état de la signature entre janvier et novembre 2015 de 97 conventions pour la réalisation de 113.865 unités. Un chiffre en forte baisse par rapport à 2014, où les mises en chantier ont concerné 218.957 unités, contre 234.013 une année auparavant. Des chiffres cependant qui restent très loin de ceux enregistrés en 2012 (419.362 mises en chantier). Côté acquéreurs, le nombre de bénéficiaires de crédit immobilier durant l’année 2015 à fin novembre s’est établi à 6.974, soit le plus bas depuis 2005.
Inquiétant, même pour la nouvelle année 2016. Le pessimisme domine. Pour le président de la FNPI, le manque de visibilité ne laisse pas entrevoir d’optimisme. Des mesures sont toutefois préconisées pour sortir de cette impasse. La profession milite pour un nouveau modèle de financement. Pour la FNPI, il est aussi important de repenser une nouvelle politique de l’habitat au Maroc ainsi que le cadre juridique de l’urbanisme, qui continue de pénaliser le secteur.