Il y a ceux qui, face aux tempêtes de la vie, se retrouvent submergés par les vagues de leurs difficultés. Pourtant, il existe aussi des âmes résilientes qui choisissent non seulement d’affronter ces vagues, mais de les chevaucher. C’est le cas de Hind Bourmad, présidente de l’association «insertion et inclusion pour tous».
Après une carrière en commerce international, Hind a tout plaqué pour accompagner son fils souffrant d’un handicap mental. Depuis, elle a enchainé diplômes et formations pour garantir un meilleur avenir non seulement pour son fils, actuellement étudiant en médecine, mais pour des centaines d’enfants, souvent en situation défavorisée. Face à un avenir que certains voyaient limité pour son fils, elle a décidé de redéfinir leurs horizons.
Écosystème d’inclusion
En effet, cette jeune maman de 42 ans a laissé tombé sa carrière en tant que commissionnaire de pièces automobile entre le Maroc et la Chine, pour faire plusieurs formations en autisme et dans la psychologie, pour qu’elle puisse accompagner son fils aîné qui souffrait de problèmes d’apprentissages à l’école. “Ce n’était pas seulement pour mon fils ; c’était pour comprendre et démanteler les barrières qui entravent les enfants comme lui et depuis j’ai vite compris combien d’enfants et de familles souffrent et l’importance de l’inclusion dans les classes ordinaires pour ces enfants” nous annonce Hind dans un appel téléphonique.
En 2016, elle décide alors de se lancer dans le travail associatif. “En tant qu’éducatrice et responsable, j’ai vu le potentiel d’inclusion dans les classes ordinaires. Il y a peu d’associations qui se consacrent à ce combat, surtout pour les familles défavorisées.” Depuis, l’association oeuvre pour inclure les enfants qui souffrent de trisomie 21, d’autisme et d’autres handicap mentaux soit dans des écoles publiques soit en leur apprenant des métiers.
Son travail quotidien consiste à préparer ces enfants à une intégration réussie dans des écoles normales, en travaillant main dans la main avec les établissements éducatifs, les familles et les enfants eux-mêmes. Elle met en place des formations pour les enseignants, assure un suivi thérapeutique personnalisé pour chaque enfant, et crée des ponts entre les familles et les ressources éducatives disponibles, brisant ainsi les barrières qui se dressent sur leur chemin.
L’association, composé d’une vingtaine de professionnels, a réussi alors à intégrer plus de cinquante élèves, majoritairement issus de familles en difficulté. Le défi reste toutefois énorme. L’école est certes publique, toutefois ce sont les familles ayant des enfants de handicap mental qui doivent payer l’assistante qui les accompagne, parce que c’est obligatoire qu’ils soient accompagnés. Ainsi, “ Face à des coûts qui peuvent s’élever jusqu’à 7 000 dirhams par mois pour une prise en charge adéquate, beaucoup de familles se voient obligées de laisser tomber l’éducation et l’insertion de leurs enfants, d’où la nécessité de notre travail”.
Dans d’autres cas, Hind estime que les parents ne sont pas assez sensibilisés “ Mon conseil aux parents est de chercher du soutien, de ne pas hésiter à se tourner vers des associations comme la nôtre. L’INDH et les AREF sont également des ressources précieuses. L’inclusion est un combat de chaque instant, mais ensemble, nous pouvons faire la différence” nous souligne Hind malgré les difficultés auxquelles l’association fait face.
En effet «Il y a beaucoup d’éducateurs qui refusent de travailler pour les associations,» a révélé Hind en raison de contraintes budgétaires. Elle explique que les membres de son équipe, ne reçoivent leur salaire, variant entre 2000 et 3000 dirhams, qu’après plusieurs mois, ce qui crée une situation précaire pour ces derniers. Cette situation de paiement différé, combinée à l’absence de rémunération pendant les vacances, constitue un défi persistant qui met à l’épreuve la stabilité et l’efficacité de l’association.
Malgré ces problèmes, Hind continue à se battre pour un seul objectif : “L’inclusion ne devrait pas être confinée dans des espaces clos ; elle doit être un écosystème vivant, respirant à chaque coin de notre société” nous confirmet- elle. Avec conviction, elle ajoute “ travaillons ensemble pour un Maroc où l’inclusion est la norme, pas l’exception”.