En continu
L'enfant égaré, de Brahim Kermaoui
- par Abdellatif Mansour
- 05-04-2017
- Livres
“Je m’appelle Brahim Kermaoui; je suis né au Maroc, le 22 août 1978. Du moins, c’est ce qui est indiqué sur mes papiers d’identité; car ma naissance est entourée de non-dits et de mensonges”. C’est ainsi que l’auteur raconte sa vie dans un livre autobiographique intitulé L’enfant égaré. Les conditions de sa venue au monde, dans une maternité de Berkane, sont effectivement troubles. Il aurait été échangé contre un bébé mort-né.
Brahim passe le plus clair de son enfance entre ses parents adoptifs, installés à Gennevilliers, dans les Hauts-De-Seine, en France; les familles d’accueil et la DDASS (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales).
Ali et Safia, qu’il appelait “Papa” et “Maman”, forment un couple dont la vie quotidienne n’est que violence entre eux et maltraitance à son égard. Plus Brahim avançait dans l’âge, plus il comprenait qu’il devait se prendre en charge et se suffire à luimême. Une réalité qui s’imposait à lui, en plein adolescence, sans qu’il y soit vraiment préparé. Il est alors happé par la vie de la rue et ses bandes organisées de trafic en tout genre.
Ses séjours répétés à la DDASS n’ont pu le soustraire à ce milieu malfamé. Il s’en est finalement sorti par lui-même et par la responsabilité vis-à-vis de la petite famille qu’il a fondée. Ce happy end reste incomplet.
Brahim est toujours à la recherche de son identité filiale. Ce faisant, il dénonce le commerce de bébés volés qui, d’après lui, existe toujours au Maroc. Il voudrait que sa mésaventure involontaire et douloureuse n’arrive pas aux autres. C’est toute la raison de sa démarche. Brahim aurait pu conclure son récit en appelant à ne plus tout mettre sur le dos de la providence, en tout cas pas plus qu’elle ne peut supporter.
Si les adultes avaient un tant soit peu le sens des responsabilités, Brahim aurait eu sa part de chance dans la vie. Ce jour arrivera- t-il un jour?