L’arsenal juridique pour lutter contre la violence qui gravite autour des stades vient d’être renforcée par une nouvelle mesure. Une première en matière de législation marocaine dans ce sens. Une initiative louable. Rien à dire. On ne peut que s’en féliciter. Mais désormais, il y a toujours ce « mais ». Vous allez me dire que je cherche toujours la petite « bête » comme font ces journalistes qui ne cherchent que tout ce qui ne va pas. Qui ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure. Ils n’évoquent que ceux qui tardent et dans un état mécanique pas au top, où la climatisation est à fond alors que l’on gèle dedans, où les sanitaires ne fonctionnent pas à cause de certains usagers qui jette n’importe quoi dedans. Ces mêmes passagers qui ne se retiennent pas à s’accaparer vos affaires quand vous les oubliez. Bref, je ne cherche pas à m’égarer car il y a tant de choses à vous dire, lorsqu’on parle des disfonctionnements dont vous-même êtes témoins. Mais revenons à nos moutons, comme dirait l’autre, à cette nouvelle mesure.
Reconnaissons que le fait que les pouvoirs publics se penchent sur le phénomène est louable en soi. Je suis toujours pour ce genre d’initiatives, tant qu’elles ne restent pas juste un projet ou un dossier posé dans un tiroir. C’est le sujet du jour. Rappelons qu’Il y a déjà eu les événements regrettables, il y a de cela environ un mois, à Bernoussi. J’ai eu l’occasion d’évoquer et de commenter les incidents de mon point de vue. Je comprends parfaitement l’émergence de plusieurs textes récents pour durcir la répression dans l’objectif « d’éradiquer » la violence qui gravite autour des stades. Le renforcement continu de la production normative semble répondre a priori à la radicalisation des violences liées aux activités supportrices. Cependant, estce vraiment la seule voie à prendre ? Est-ce que ces mesures législatives seront efficaces ? La réponse ne sera pas tranchée tant que l’on n’a pas encore expérimenté et vu se matérialiser leur mise en forme.
Dorénavant, je ne pense pas que les choses seraient aussi faciles. Un travail en profondeur est nécessaire. Et déjà de nombreuses questions subsistent, pas seulement au niveau constitutionnel. Il est question de l’applicabilité des textes qui restent en suspens. Du coup, je ne suis pas pour la frénésie législative. Il ne suffit pas de « pondre » de nouvelles lois, il faut travailler avec ce qu’on a déjà, chercher à assouplir la mise en application et adapter les lois au contexte marocain. Et, surtout, éviter de calquer une loi européenne sans tenir compte les spécificités marocaines. Il faut ajouter aussi que « les fauteurs de trouble » et les casseurs constituent une partie marginale de l’ensemble des supporters.
On peut s’interroger sur la pertinence de cette nouvelle initiative. Jusqu’à maintenant, à l’écriture de ces lignes, aucune solution concrète à ce réel problème de violence n’a été mise en application. D’emblée, les mesures telles qu’elles sont annoncées révèlent la confusion qui existe encore (lexique, terminologie utilisée…) et qui trahit toute bonne réflexion sur le phénomène. On peut le dire et le crier aussi, les pouvoirs publics sont encore dans la phase de prospection alors que le phénomène ne date pas d’aujourd’hui. Donc, à mon avis, il y a encore des choses à ajuster. Se poser les bonnes questions est le premier pas pour lutter contre la violence qui gravite autour des stades. Et, en amont, la question à se poser concerne la capacité intégrative de notre société dans son ensemble.
L’état de la cohésion sociale est questionné cher-e-s lectrices et lecteurs. Encore une fois, il faudrait appréhender ce type de violence comme la manifestation d’un malaise social. Certains parmi les acteurs n’en sont pas à leur coup d’essai et trouvent leurs motivations dans un autre espace-temps. Ce qui veut dire loin des stades et des activités supportrices qui gravitent autour. Les facteurs sociaux sont légion : chômage, situation familiale, échec scolaire, habitat insalubre, absence de perspectives, etc. Tout cela appelle une démarche qui s’appuie davantage sur l’éducation, la responsabilisation, et surtout, l’accompagnement et l’encadrement des supporters. D’où le rôle capital des acteurs de la socialisation, à savoir famille, école, maison de jeunes. Tout cela passe par une véritable politique vers et pour les jeunes.