Légalisation du cannabis au Maroc: Un potentiel économique considérable

Le cannabis à usage médical pourrait générer un revenu annuel net de 110.000 dirhams par hectare. C’est ce que révèlent des études de faisabilité sur la légalisation du chanvre indien et son potentiel économique pour le Maroc, réalisées par le ministère de l’Intérieur.

“Il faut faire vite, nous sommes en retard”. C’est qu’avait martelé le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, mercredi 28 avril 2021, lors de la présentation du projet de loi relatif à l’usage légal du cannabis, à la Chambre des représentants. Une semaine plus tard, son département semble accélérer la cadence en présentant la synthèse d’études de faisabilité sur la légalisation du cannabis, son potentiel économique et les atouts du Maroc, mardi 4 mai, devant la commission de l’Intérieur, des collectivités territoriales et de la politique de la ville de la première chambre.

Le marché européen, principale cible
Ces études révèlent qu’environ 400.000 personnes s’adonnent actuellement à la culture illégale du cannabis au Maroc, soit près de 60.000 familles. Les niveaux de revenus de ces cultivateurs diffèrent en fonction de la qualité du sol, le rendement de la plante et l’abondance des ressources en eau. Concrètement, leurs revenus oscillent entre 16.000 et 75.000 dirhams par an et par hectare pour les terres irriguées et fertiles.

Des montants qui ont tout de même diminué depuis plusieurs années, notamment à cause de la dépénalisation du cannabis médical en Europe, qui menace leur activité. D’où la nécessité, selon le ministère, pour le Maroc de franchir ce pas, ce qui permettrait à ces milliers d’habitants d’avoir un revenu annuel net de 110.000 dirhams par hectare. L’Europe sera la principale cible des futures exportations marocaines.

Et pour cause, le marché du cannabis thérapeutique connait une évolution notoire dans le Vieux continent avec une croissance annuelle de 60%, loin des 30% du marché mondial, qui devrait atteindre les 114,2 milliards de dollars en 2028, loin des 8,1 milliards en 2018. Mieux, d’après ce document, le marché européen devrait passer de 563,7 millions d’euros à 58 milliards d’euros en 2028.

L’Espagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, et l’Allemagne, en fonction de leur législation actuelle dans ce domaine, seront les marchés prioritaires pour «l’or vert» marocain, avec comme ambition des revenus annuels de 25 milliards de dollars par an en 2028. Le Royaume ciblera également ceux de la France et de l’Italie pour atteindre les 42 milliards de dirhams.

Pour relever ce challenge de l’export, le ministère a présenté aux parlementaires deux options. La première est de cibler 10% du marché du cannabis médicinal européens à l’horizon 2028, ce qui pourra rapporter 4,2 milliards de dollars au Maroc, soit un revenu agricole annuel d’environ 420 millions de dollars. La seconde, viser 15% de ce marché pour obtenir 6,3 milliards de dollars qui représente un revenu agricole annuel d’environ 630 millions de dollars.

Outre sa dimension économique, la légalisation du cannabis permettra de réduire des risques liés au trafic et à la consommation de drogue, ainsi que ceux liés à la santé des citoyens et à l’environnement, indique l’étude.

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