Légalisation du cannabis au Maroc: La police française s’inquiète des conséquences sur l'hexagone

L’office anti-stupéfiants de la police judiciaire française prévoit, entre autres, un regain de violences entre les trafiquants dans l’Hexagone en conséquence de la légalisation par le Maroc du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles.

L’adoption par le Maroc en juin 2021 d’une loi portant sur la légalisation du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles inquiète grandement les autorités françaises. Dans une note en date de décembre 2021, consultée par Europe 1 et divulguée par ce média le 3 janvier 2022, l’Office anti-stupéfiants de la police judiciaire (OFAST) prévoit un «regain de violences entre les trafiquants» dans l’Hexagone.

Les policiers français spécialisés dans la lutte contre les trafics de stupéfiants envisagent des conséquences directes sur le marché français. Selon les projections des policiers français, 30% seulement de la surface cultivée du cannabis sera réservée à cette activité légale. Cela constituerait «une perte pour les trafiquants de stupéfiants», rapporte Europe 1 après consultation de la note.

L’OFAST prévoit une «période de transition nécessaire aux trafiquants pour mettre en oeuvre leur stratégie», ce qui finira par augmenter le prix du cannabis.

Intensification des violences
Autre conséquence, ce nouveau marché légal pourrait «pousser les organisations criminelles à se démarquer et produire des résines encore plus concentrées en THC, des produits très recherchés par les consommateurs français». Ce qui générera des confrontations entre ces organisations locales, estime l’OFAST. «Cette intensification des violences entre groupes rivaux pourrait ainsi se manifester […] également sur le territoire français», soulignent les policiers spécialisés français, tout en précisant que le cannabis illégal génère environ 19 milliards d’euros par an et fait vivre entre 90.000 et 140.000 familles selon un rapport de 2019. Ils ont également ajouté que les violences entre trafiquants ont augmenté de près de 50% en France en 2020 lors de la crise sanitaire.

Aussi, selon la même note, la mise en place de la légalisation du cannabis thérapeutique pourrait développer de nouvelles formes de criminalité, notamment avec l’arrivée possible d’investisseurs étrangers dans le Rif au sein de la filière de cannabis légal. «Un phénomène qui a déjà été observé en Argentine depuis la légalisation du cannabis médical dans le pays», analyse l’OFAST.

L’ambition du Royaume de devenir un acteur important du cannabis légal sur le marché mondial pourrait être compromise, note-t-on, arguant du fait que la compétitivité du Maroc pourrait être freinée, en raison du positionnement d’autres pays déjà leaders sur le marché comme les États-Unis, le Canada, les Pays- Bas, le Danemark, le Portugal ou la Grèce plus récemment. Une raison de plus pour l’Office français anti-stupéfiants pour conclure que cette ambition marocaine conduira implacablement à de nouvelles tensions entre cultivateurs et trafiquants de stupéfiants.

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