Légalisation du cannabis: des bénéfices potentiels annuels de 130 milliards de dirhams

Le projet de loi 13-21, relatif à l’usage légal et thérapeutique du cannabis, a été adopté au Conseil du gouvernement présidé par Saâd Eddine El Othmani du jeudi 11 mars 2021. Le Maroc a ainsi franchi un grand pas vers la légalisation du cannabis à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles. Il ne fait qu’emboiter le pas à une cinquantaine de pays. Un changement de paradigme selon lequel, pour reprendre les propos de l’ancien ministre de l’Emploi Abdeslam Seddiki, «le cannabis était considéré comme dangereux et sans intérêt médical».

Appuyant ce changement de perception, le 3 décembre 2020, la Commission des stupéfiants (CND) des Nations-Unies a reconnu, sur la base d’une recommandation de l’OMS, le potentiel médicinal et thérapeutique de cette plante. Pour le Royaume, classé 1er producteur mondial de résine de cannabis par le rapport annuel 2020 de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), c’est un véritable potentiel économique. En effet, la production actuelle est estimée à plus de 700 tonnes, soit une valeur de 130 milliards de dirhams.

Cette légalisation va permettre au Maroc de se positionner sur un marché mondial en croissance annuelle de 30%. Selon une étude du cabinet Grand View Research en 2017, le marché mondial du cannabis à usage médical est évalué à 55,8 milliards de dollars en 2025. Une fois cette nouvelle réglementation entrée en vigueur, l’Etat marocain aura les moyens de résoudre le problème de la morosité économique qui frappe la région du nord et plus particulièrement le Rif (notamment à Al Hoceima) dont la population vit quasi exclusivement de cette culture.

Pour ceux qui continuent à ne voir dans cette légalisation qu’un encouragement à une large consommation, M. Seddiki précise que «l’objectif de ce projet de loi consiste à passer d’une situation d’interdiction totale, avec ses avatars, à un encadrement de cette activité millénaire» et qu’il «ne s’agit nullement d’une légalisation tous azimuts comme le laissent entendre sciemment certains démagogues qui n’ont même pas pris le soin de lire le projet de loi pour savoir de quoi il s’agit au juste». L’ancien ministre fait allusion ici aux caciques du PJD.

L’un d’entre eux et non des moindres, en l’occurrence Abdelilah Benkirane, ancien Chef du gouvernement et ex-secrétaire général du PJD, avait menacé de quitter le parti si ce projet de loi venait à être adopté. Chose promise, chose due, le tonitruant responsable islamiste n’a pas attendu longtemps pour mettre sa menace à exécution.

Quelques heures après la validation du projet par le conseil de gouvernement, Abdelilah Benkirane a annoncé, dans une lettre manuscrite, le gel de son adhésion au parti et la rupture de sa relation avec Saâd Eddine El Othmani, El Mostapha Ramid, Abdelaziz Rebbah, Mohammed Amekraz et Lahcen Daoudi, cinq ténors du parti de la lampe.

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