QUELQUES LEÇONS DE LA CRISE SANITAIRE

INVESTIR MASSIVEMENT DANS LES SOLUTIONS D'AVENIR

S’il est vrai que notre monde va probablement s’inscrire sous le signe d’une grande continuité, il serait cependant tout aussi faux de croire que la crise sanitaire que nous traversons ne laissera pas de traces. Le monde ne va pas changer brutalement mais des tendances qui étaient sous-jacentes vont, à la faveur de la crise, monter en puissance plus rapidement que prévu.

Aussi, lorsque la pandémie du Covid-19 a éclaté, de nombreuses économies en développement, comme la nôtre, étaient déjà vulnérables en raison d’un niveau d’endettement insoutenable et d’une croissance faible. Économies tellement handicapées par des goulets d’étranglement structurels que les dommages à long terme de la profonde récession due à la pandémie seront amplifiés. Économies d’autant plus vulnérables qu’elles doivent, aussi, faire face aussi bien aux déficits intérieurs (déficit des comptes publics, déficit social) qu’aux chocs extérieurs (déficit du commerce extérieur, fuite de capitaux et de compétences, etc.).

Ainsi, au moment ou les griffes de la crise sanitaire confisquent nos ressources à court terme, en nous livrant pieds et mains liés à ce duo infernal du déficit et de la récession, il ne nous restera plus d’autre issue que d’investir massivement dans les solutions d’avenir, économie durable, innovation et recherche-développement en tête. Soit autant de domaines dont dépendnt notre survie et notre indépendance. Quitte à accepter, dans les limites du soutenable, le déficit public et la dette. Car, si on ne change pas de cap, l’après Covid-19 ne peut qu’être marqué au sceau de l’incertain. Le rebond d’après-coronavirus viendrait, alors, d’une préfiguration d’une transformation qui pourrait être structurelle tant au niveau macro-sectoriel (agriculture, services et industrie) qu’au niveau microéconomique. Formation en ligne, marketing digital, management à distance: n’a-t-on pas vu l’acculturation numérique de certaines de nos entreprises s’accélérer ces derniers mois de confinement?

Transformation qui passerait également, et en même temps, par une reconfiguration de l’école et de la santé. Reconfiguration où, encore une fois, le digital aura certainement son mot à dire. Restent, alors, les autres activités qui étaient considérées, jusqu’ici, comme invisibles. Activités auxquelles il faudra, tôt ou tard, accorder l’importance qu’elles méritent. Activités dont le travail consiste en l’attention aux êtres et qui se trouvent les plus mal payés et les plus disqualifiés de l’échelle sociale.

De la mère-éducatrice, dont la première vertu était l’invisibilité, à l’aide-soignante et l’enseignant, aussi invisibles qu’elle. Dans une situation de crise sanitaire, toute l’actualité nous rappelle à quel point importent ces activités invisibles. Les soignants, et jusqu’au plus simple d’entre eux, deviennent les artisans héroïques de la sauvegarde de notre santé et de notre survie commune. De même ceux qui entretiennent le simple quotidien, depuis la nourriture jusqu’aux ordures ménagères. Et ceux qui poursuivent dans des conditions modestes et discrètes l’instruction et l’éducation de nos enfants

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