LE PARTI-PRIS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU SUR LE SAHARA MAROCAIN
Une clarification est en cours – et elle est la bienvenue. Elle a trait à la partialité patentée du Secrétaire général de l’ONU sur la question du Sahara marocain. La réaction vigoureuse du gouvernement marocain, à travers un communiqué daté du mardi 8 mars 2016, atteste bien de la ferme volonté de réagir en exprimant les plus vives protestations. L’exaspération est forte, en effet, face aux excès du secrétaire général de l’ONU, ses «dérapages verbaux, ses faits accomplis et ses gestes de complaisance injustifiés». Lors de sa tournée, du 4 au 6 mars 2016, dans la région, Ban Ki-moon en a donné, si besoin était, deux preuves publiques fortes de sens. Reçu par le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, à Rabouni –siège de cette entité fantomatique dans les camps de Tindouf–, il a fait cette étonnante déclaration: “Notre objectif est d’organiser un référendum pour permettre au peuple sahraoui de décider de son avenir”.
Partialité patentée
Dans cette même ligne, le voilà qui ajoute que “les enfants qui sont nés au début de l’occupation ont aujourd’hui entre 40 et 41 ans…” “Référendum”, “occupation”: de quoi parle-t-il? Et comme pour donner un gage de son parti-pris, il s’est rendu, samedi 5 mars 2016, à Bir Lahlou, une localité marocaine où se trouve un poste de la Minurso, évacuée par les FAR dans un esprit de bonne foi après le cessez-lefeu du 15 octobre 1991. Ban Ki-moon n’est plus en mesure d’exercer sa mission visant à favoriser et à soutenir la recherche d’un règlement politique négocié: il s’est mis pratiquement sur le banc de touche, hors-jeu, donc. Il a cédé aux pressions des autres parties, à leur chantage; il s’est laissé instrumentaliser à cette occasion par celles-ci en n’ignorant pas qu’il tournait ainsi le dos au mandat qui était le sien, au cadre de négociation fixé par le Conseil de sécurité et aux paramètres de négociation définis depuis des années par cette haute instance onusienne. Cette visite a été mouvementée. Ainsi, des centaines de jeunes Sahraouis l’ont proprement hué sur la route menant d’un héliport à un centre administratif local. Des rencontres avec des écoliers ont été annulées au dernier moment. Sa voiture a même été caillassée. Les manifestants qui n’ont pas pu être encadrés ni canalisés par le service d’ordre des séparatistes ont tenu, à cette occasion, à exprimer leur colère face à l’incurie de l’ONU, qui n’arrive pas à faire avancer le processus de négociation engagé pratiquement depuis une dizaine d’années.
De quoi s’agit-il? De faire un constat simple de l’avancement de ce dossier devant les instances onusiennes. Quel est, pour commencer, le cadre de négociation? Celui-là même validé par le Conseil de sécurité voici près de neuf ans, à savoir l’initiative marocaine d’autonomie régionale au Sahara présenté le 11 avril 2007, devant cette même instance. Il n’y a rien d’autre sur la table. Et ce n’est pas la lettre déposée par le mouvement séparatiste, la veille, reprenant les slogans récurrents de sa propagande, qui peut être considérée comme une proposition recevable.
Une visite inutile
Ce qui a aussi entravé l’avancement dans la recherche d’un compromis “réaliste”, selon la qualification même qui en est donnée par le Conseil de sécurité, c’est le manque d’objectivité et de neutralité de Christopher Ross, envoyé personnel de Ban Ki-moon. L’on se souvient que, tant en 2013 qu’en 2014, il avait outrepassé son mandat. Comment? En soutenant l’extension du mandat de la Minurso au contrôle et au suivi des droits de l’Homme dans les provinces récupérées. Ce qui a conduit le Maroc à lui retirer sa confiance avec éclat. Il a fallu que Ban Ki-moon donne à S.M. le Roi, lors d’un appel téléphonique en date du 22 janvier 2015, des garanties sur la non-modification des paramètres de négociations et le respect des prérogatives fixées au mandat de la Minurso.
Un problème d’agenda
Ce recadrage a-t-il porté ses fruits? Il semble bien que non. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, le Maroc en a tiré les premières conséquences opératoires. Ainsi, à la fin novembre 2015, M. Mezouar a fait savoir, à la faveur d’une déclaration à l’agence espagnol EFE que Christopher Ross ne serait plus autorisé à se rendre dans les provinces sahariennes.
La raison en est double: l’une, c’est que les interlocuteurs officiels nationaux sont dans la capitale du Royaume; l’autre regarde l’inutilité d’une telle visite, non seulement parce qu’elle est instrumentalisée par la propagande séparatiste et ses relais extérieurs mais aussi parce qu’elle ne permet pas d’engranger du nouveau. Pourquoi? Parce que tout a été dit sur ce dossier comme l’attestent le premier cycle des négociations suivi par un second décliné autour de pas moins de neuf autres entretiens informels sous les auspices, d’ailleurs, du même envoyé personnel. Nous en sommes donc là aujourd’hui: négocier avec qui? Et de quoi? Recevoir Christopher Ross, mais pour parler de quoi? Accueillir Ban Ki-moon n’avait pas davantage de pertinence, ses déclarations dans le pays voisin abritant les camps des séparatistes confortant de surcroit la décision de Rabat.
Se posait à cet égard un problème d’agenda aux deux aspects. Le premier avait trait à l’absence du Souverain, qui se trouvait à l’étranger la semaine dernière. Quant au second, il intéresse le souci d’attendre la réunion du Conseil de sécurité, au mois d’avril 2016, pour appréhender l’état du dossier, non seulement sur la base du rapport du même Ban Kimoon mais aussi de l’évaluation qui en sera faite par cette haute instance onusienne.
Sans préjuger des termes et de la teneur de la résolution qui sera alors adoptée, il vaut de mettre en relief un certain nombre de points. Où est la solution? Dans la capacité de la communauté internationale et des quinze membres du Conseil de sécurité à tirer les conclusions qui s’imposent: celle de l’implication de l’Algérie et ce au premier chef. Ce voisin de l’Est s’obstine depuis plus de quatre décennies à se présenter volontiers comme simple “partie concernée” du fait du voisinage géographique.
Les conclusions qui s’imposent
Mais n’est-ce pas sur son propre territoire que sont installés les réfugiés, soumis à un contrôle et à une répression? Par ailleurs, qui bloque le recensement de ces populations par le HCR pour permettre de les identifier et partant de leur offrir la protection diplomatique prévue par les instruments internationaux pertinents? Qui finance, encadre, et arme les éléments militaires de ce mouvement séparatiste? Qui mobilise sa diplomatie sous toutes les latitudes et dans toutes les instances pour soutenir une cause aussi perdue? C’est donc sur la base de tels éléments, parmi tant d’autres, que le Maroc considère instamment qu’il faut désormais changer de grille et de logiciel. Il n’y a plus rien à attendre ni de Ban Ki-moon ni de son envoyé personnel Christopher Ross, qui, d’ailleurs, se sont mis horsjeu. Ils sont devenus un facteur de complexification au lieu d’être des facilitateurs, comme le prescrivent formellement leurs mandats respectifs.
Il importe aujourd’hui de se pourvoir, si l’on ose dire, devant le Conseil de sécurité pour qu’il tranche et impose les voies et les modalités d’un réel règlement. C’est là une exigence allant au-devant de la totale disposition du Royaume mais aussi des contraintes de stabilité et de sécurité dans la région, en particulier du foyer terroriste dans l’espace sahélo-saharien