
Beaucoup d’émotion, du côté marocain, a caractérisé la 24ème édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) qui s’est tenu du 28 février au 7 mars 2015 sous le thème: “Cinéma africain: production et diffusion à l’ère du numérique”. C’était le sacre pour le cinéma marocain avec le couronnement du film de Hicham Ayouch “Fièvres”, qui a reçu l’Etalon d’or de Yennenga des mains du président burkinabé Michel Kafando. Ultime distinction, ce prix récompense le meilleur long métrage. “Fièvres” est le troisième long métrage du jeune réalisateur. Il se déroule en France, dans une cité, et oppose un fils à son père. Il raconte l’histoire de Benjamin, qui décide, à 13 ans, d’aller vivre chez son père, qu’il ne connaît pas. Karim, son père, habite toujours chez ses parents et se laisse porter par la vie. Il se retrouve démuni face à cet adolescent insolent et impulsif qui va violemment bouleverser leur vie, dans ce quartier aux multiples visages. Le cinéma marocain ne s’est pas contenté d’un seul prix. Le court métrage s’est également illustré lors de cet événement en raflant le premier prix. “De l’eau et du sang”, du réalisateur Abdelilah Eljouhary, a ainsi reçu le Poulain d’or de Yennega. Et, comme on dit “jamais deux sans trois”, un troisième prix a été remporté par le film “C’est eux les chiens”, de Hicham Lasri. Il s’agit de celui de la meilleure image. “C’est eux les chiens” s’attaque au Maroc d’aujourd’hui à partir des “émeutes du pain” dans les années 1980.
Jamais deux sans trois
C’est dire que le cinéma marocain a fait très bonne figure lors de cette édition marquée par la participation de films de grande qualité, de plusieurs pays africains. En effet, le film “Fièvres” a réussi à passer devant le grand film “Timbuktu”, de Abderrahmane Sissaco, qui s’est contenté des prix des meilleurs décors et de la meilleure musique, sachant que cet opus a raflé en France pas moins de sept Césars, dont celui du meilleur film, lors de la dernière édition du festival de Cannes. Il est également nommé pour l’Oscar du Meilleur film étranger. Le long métrage mauritanien sur les jihadistes à Tombouctou, qui était porté favori lors de cette compétition, a été chaleureusement applaudi par le public et a eu un accueil populaire digne de la grande oeuvre qu’il est. Les Etalons d’argent et de bronze ont été décernés, respectivement, au film “Fadhma N’Soumer”, du réalisateur algérien Belkacem Hadjadj, et à “L’Oeil du cyclone”, du Burkinabé Sékou Traoré. Ce dernier film a reçu au total 8 prix. Il est ainsi considéré comme étant la révélation du festival.
En dépit de la menace terroriste et d’Ebola, la 24ème édition du FESPACO a été maintenue, quoique tenue sous haute surveillance, pour le grand bonheur des cinéastes africains. Rendezvous est donné aux cinéphiles dans deux ans.