Le Conseil de Bank Al-Maghrib, réuni le mardi 16 juin 2015, a beau faire pour annoncer une situation très favorable de certains indicateurs macroéconomiques et à leur tête le déficit du compte courant, ramené à 3% du PIB, il n’empêche que la reprise économique reste hypothéquée par la réduction du rythme des crédits bancaires destinés aux entreprises. Lesquelles ne se précipitent pas aux guichets des banques pour demander à financer leurs investissements. Résultat: le rythme du crédit bancaire diminue à fin avril 2015 de 3,8% à 2,5%. S’il n’y avait l’augmentation des crédits, notamment immobiliers, émanant des particuliers, la diminution du crédit bancaire aurait été plus forte. Cette baisse du crédit pour l’investissement des entreprises est d’autant plus sérieuse qu’elle s’accompagne d’une baisse de 6,7% des dépenses d’investissement public. Les baisses successives en septembre et décembre 2014 des taux directeurs de la banque centrale ou leur maintien aujourd’hui à 2,5% n’y peuvent rien. Tellement la reprise de l’activité économique se fait attendre.
Et pourtant ce n’est pas l’argent qui manque le plus. En effet, les banques regorgent de surliquidités qui, selon l’Institut d’émission, se sont améliorées au cours des mois d’avril et de mai de 3,4 milliards de dirhams par rapport au premier trimestre 2015 , reflétant «principalement le renforcement des réserves de change qui ont atteint à fin mai 194 milliards de dirhams».
Des garanties impossibles
Or, l’appétit pour le crédit est faible malgré cette disponibilité de liquidités et la faiblesse des taux, en même temps les banques redoutent les mauvais risques ce qui fait qu’elles sont plus restrictives à donner des crédits, notamment aux petites et moyennes entreprises.
À part leur générosité vis-à-vis des grandes entreprises, rien n’indique qu’elles vont sortir de leur frilosité et accorder plus de crédits à ces 95% d’entreprises qui constituent l’essentiel du tissu économique. C’est que souvent les banques exigent de ce maillon faible de l’économie marocaine des garanties impossibles à satisfaire. Ces entreprises ont toujours autant de mal à accéder au financement bancaire.
Selon un récent rapport de la Banque africaine de développement (BAD), la situation de ces entreprises est particulièrement difficile pour accéder au financement, même avec les garanties qu’offre l’Etat.
S’il est vrai que depuis quelques années, les initiatives entreprises par le secteur bancaire se sont multipliées, avec la création dans certains cas de structures dédiées spécialement aux PME, beaucoup reste à faire pour aider toutes ces entreprises en démarrage, ces très petites entreprises, ces femmes entrepreneures et ces jeunes entrepreneurs à faire face aux nombreuses contraintes en matière de financement