Gianni Infantino favorise le dossier nord-américain pour l’organisation du mondial 2026
Le président de l’instance suprême du ballon rond fait tout pour priver le Maroc de l’organisation de la Coupe du monde.
Le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaâ, est inquiet. Et pour cause. La Fédération internationale de football association (FIFA) et son président Gianni Infantino semblent bel et bien décidés à priver le Maroc de l’organisation de la Coupe du monde de football de 2026, pour laquelle le Royaume s’est portée candidat le 11 août 2017.
Dans une lettre datée du 25 mars 2018, le président de la FRMF, Fouzi Lekjaâ, demande à M. Infantino de surseoir à la publication du système de notation sur la base duquel la task force mise en place par la FIFA évaluera les différentes candidatures. La raison, c’est l’ajout de nouveaux critères techniques modifiant selon M. Lekjaâ les critères existants et imposant de nouvelles règles et limitations. Le président de la FRMF cite notamment une nouvelle formule introduisant un plafonnement de l’augmentation du parc à l’horizon 2026, la modification des jauges d’hôtels requises ou encore l’introduction d’un risque de durabilité des infrastructures. Pis, ces nouveaux critères n’ont été transmis à la FRMF que le 14 mars à 16h18, soit moins de 24h avant le dépôt du dossier technique marocain et à peine plus de 48h avant la date limite, sachant que la fédération en faisait la demande à la FIFA depuis le 6 décembre 2017.
Système de notation
La connaissance de ces éléments aurait certainement, à en croire M. Lekjaâ, influencé le contenu du dossier marocain. Par conséquent, la FRMF s’oppose «fermement» à ce que le système de notation soit maintenu en l’état. «La FRMF a demandé à la FIFA Bidding Team, sans succès à ce jour, la possibilité de partager en détail notre analyse du Scoring System, mettant en évidence les différentes problématiques et répertoriant toutes les discordances/ contradictions relevées,» se plaintelle. M. Infantino donnera-t-il suite à la lettre de M. Lekjaâ? On peut d’ores et déjà parier que non. Contactée par le journal électronique Médias24, la FIFA a persisté et signé. «Le système de notation fournit simplement une méthodologie pour évaluer et documenter la mesure dans laquelle les offres soumises satisfont à ces exigences dans certains domaines clés. La plupart des critères utilisés dans le système de notation ne constituent pas des conditions sine qua non, ce qui signifierait l’exclusion d’un soumissionnaire s’il n’est pas respecté, mais simplement des éléments objectifs qui font partie de l’évaluation de l’offre,» clame son porte-parole.
Un “message positif”
Et de démentir les allégations de la FRMF sur le changement des critères d’hébergement, sans toutefois en faire de même pour les stades, la capacité des aéroports, les distances au sein de la ville hôte et l’exigence d’une taille minimale d’une ville hôte. Pas plus qu’elle ne donne d’explication convaincante sur les autres remarques de M. Lekjaâ. S’agissant par exemple du système de notation, la FIFA affirme qu’il a été communiqué aux candidats marocain et nord-américain dès qu’il a été approuvé par la task force, ce qui ne serait tout de même pas sérieux à deux jours de la date limite, quand bien même la chose serait réglementaire.
Même en dehors du Maroc, beaucoup pensent désormais que M. Infantino fait tout pour accorder l’organisation de la Coupe du monde à la candidature conjointe du Canada, des États- Unis et du Mexique, sans que l’on soit vraiment sûr de ses motivations. Il avait en tout cas qualifié le 28 décembre 2017 à Dubaï, où il était de passage pour une conférence internationale sur le sport, la candidature nord-américaine de «message positif», et avait ajouté que la FIFA n’avait «pas le droit d’imposer de lourdes charges sur un seul pays si un événement peut être organisé dans plusieurs,» ce qui est pour le moins explicite.
Outre cette déclaration, M. Infantino avait également appelé les pays africains le 2 février 2018 à Casablanca (!), lors de la 40ème assemblée générale ordinaire de la Confédération africaine de football (CAF), à «tout faire pour que la procédure soit la plus saine», une semaine après avoir défendu aux associations membres de la FIFA de recevoir l’assistance technique ou de développement des pays candidats, sachant que la FRMF était en pleine discussion avec la CAF pour un accord devant permettre aux sélections africaines de venir s’entraîner gratuitement au Maroc et de bénéficier d’un encadrement.
Méthodes inchangées
Cette AGO de la CAF devait par ailleurs servir d’occasion au Royaume pour présenter son dossier de candidature aux autres pays du continent, ce que la FIFA allait lui interdire tout en permettant le 16 février au président du comité nord-américain, Sunil Gulati, de s’exprimer devant les quatorze associations membres du Conseil des associations de football en Afrique australe (COSAFA) lors de leur 22ème assemblée générale ordinaire à Johannesburg en Afrique du Sud.
Pressé par les médias internationaux, M. Infantino allait affirmer que «la COSAFA nous a assuré qu’ils vont donner la possibilité au Maroc de présenter sa candidature afin que tous les candidats soient traités de la même façon.» Quoi qu’il en soit, le factuel en dit long sur les méthodes de la FIFA, qu’on croyait changées depuis la chute de son ancien président Sepp Blatter en mai 2015 -qui, au passage, avait apporté son soutien au Maroc sur Twitter le 22 février 2018-, mais qui au fond sont demeurées les mêmes. Quand bien même il bénéficie de l’appui de plusieurs pays musulmans et africains et d’autres pays comme la France, la Belgique et la Serbie, le Royaume pourrait bien, pour la cinquième fois de suite, être privé de Coupe du monde.