LA PALESTINE DANS LA DIPLOMATIE MAROCAINE

L’autre première cause nationale

Alors que certains se plaisent à le fustiger depuis sa normalisation avec Israël, le Maroc a su prouver dans le contexte de la guerre actuellement en cours à Gaza qu’il savait parfaitement ce qu’il faisait.


Au moment où la guerre commençait dans la bande de Gaza à la suite des attaques perpétrées le 7 octobre 2023 par le Hamas en Israël, d’aucuns s’imaginaient déjà, notamment dans un certain voisinage proche, le Maroc dans l’embarras. Près de trois ans après avoir “normalisé” en décembre 2020, dans le cadre des accords d’Abraham, ses relations avec Tel-Aviv en contrepartie de la reconnaissance par les États-Unis de sa souveraineté sur son Sahara, le Royaume devait bien se résoudre, appuyaient-ils déjà, à faire machine arrière et revenir au statu quo ante, c’est-à-dire des relations, au mieux, interlopes avec la partie israélienne, avec à la clé, peut-être même, un coup dur pour la cause nationale. “Échec diplomatique”, tonnait-on… Mais il faut dire que ces voix, clairement hostiles, ont dû, au bout du compte, se faire une raison.

Interlocuteur crédible
Près de dix mois après le déclenchement du conflit, le Maroc poursuit toujours son bonhomme de chemin diplomatique. Il n’a cédé à aucune pression, ni encore moins à ce populisme qui, il faudra encore le rappeler, n’a, en 76 ans, jamais profité ni aux Palestiniens ni à leur cause. Mieux, avec la sagesse qu’on lui connaît et qui fait depuis toujours de lui, entre autres dans cette affaire du Proche-Orient, un interlocuteur crédible, le Maroc a su faire avancer, avec les moyens qu’il a à son bord, l’agenda palestinien. Si le gouvernement Benjamin Netanyahou semble renoncer, au fur et à mesure, à ses velléités annexionnistes à Gaza, portées par sa frange d’extrême droite que représente le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et celui de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, c’est notamment du fait de l’intervention marocaine en coulisses ainsi que celle d’autres pays arabes qui comptent à l’échelle régionale, à l’instar de l’Égypte et des Émirats arabes unis.


Un rôle de “faiseur de paix” qui a d’ailleurs récemment valu à Rabat une invitation, du 9 au 11 juillet 2024, à Washington pour le dernier sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), au menu duquel figurait la guerre de Gaza. Sur un plan plus public, le Maroc avait été, le 12 mars 2024, le premier pays au monde à pouvoir acheminer de l’aide aux Gazaouis par voie terrestre, résultat des liens dont il peut se prévaloir avec Israël et qui, en juillet 2022 déjà, avaient achevé de convaincre ce dernier d’accepter de rouvrir, sans interruption, le poste-frontière Allenby/Roi Hussein, reliant la Cisjordanie palestinienne et la Jordanie.

Aussi, on peut ajouter, à cela, les facilités dont arrive à disposer l’agence Bayt Mal Al-Qods (BMAQ), dont la direction revient au Maroc, dans son travail auprès de la population palestinienne dans la ville d’Al-Qods Acharif. Bien évidemment, Israël n’ignore rien, en même temps, du rejet qu’oppose le Maroc à sa guerre -près de 36.000 morts à ce jour-, régulièrement exprimé par le roi Mohammed VI lui-même aussi bien à titre de chef de l’État marocain que président du Comité Al-Qods, et ce dans le droit-fil d’un positionnement pro-palestinien qui a de toute façon été souligné d’office par le Souverain au moment de rallier les accords d’Abraham, lors de l’appel téléphonique qu’il avait eu avec le président Mahmoud Abbas. En somme, il faudra repasser encore pour que sur le sujet de la Palestine en tout cas, on puisse y reprendre le Maroc...

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