L'année où rien n'a été fait


Réforme des retraites, emploi: deux grands chantiers pour le gouvernement


Sur fond d’aggravation des inégalités et d’une reprise très timide du dialogue social, l’année 2017 aura été celle qui a vu s’accentuer les drames sociaux.

Au cours de l’année 2017, marquée par les drames sociaux comme celui de Sidi Boulaalam ou celui, plus récent, de Jerada, le gouvernement Saâd Eddine El Othmani n’a pas pu faire mieux que ses prédécesseurs. L’école, l’accès des jeunes à l’emploi, l’accès aux soins, le logement, la pauvreté et l’exclusion sont autant de questions sociales où bien des progrès sont à faire. Sans oublier la refonte du régime de retraite ou la faiblesse de la couverture sociale.

Le chômage ne touche-t-il pas un jeune sur trois et la pauvreté ne touche t-elle pas quatre personnes vivant dans le milieu rural sur cinq personnes pauvres au Maroc? Un tel constat des plus alarmants n’est pas le fait du rapport de tel ou tel organisme international mais c’est ce qui ressort des rapports nationaux comme celui du Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Face à ces questions aussi lancinantes, le gouvernement n’a pas pu installer, ni ce climat de confiance, si nécessaire auprès des opérateurs économiques, pour les inciter à investir et à créer des richesses, ni auprès des syndicats et de tous ces représentants de la société civile pour les amener à participer à l’oeuvre commune.

Un climat empoisonné
Certes, à écouter les représentants du gouvernement, tout porte à croire que tout va bien dans le meilleur des mondes possibles. Mais la réalité est toute autre. Si les équilibres macroéconomiques sont sauvegardés et si l’inflation est relativement maîtrisée, on peut se poser la question de savoir à quel prix? Surtout lorsque l’on sait que le moral des ménages est au plus bas, pour cause justement du chômage et de baisse du pouvoir d’achat.

Quant au climat social, il reste encore empoisonné par le dossier des retraites, d’une part et par les revendications salariales, d’autre part. Face à ces deux dossiers, le gouvernement semble faire la sourde oreille. Plus à l’écoute du Fonds Monétaire International (FMI) que des syndicats. Or, s’il y a un phénomène qui attire plus que d’autres l’attention des observateurs de la scène sociale au Maroc, c’est celui des inégalités salariales en particulier et de revenus en général. Situation qui a poussé les syndicats, durant le dialogue social entamé récemment, à exiger du gouvernement des améliorations du revenu des salariés.

«Sans l’amélioration du revenu, nous ne signerons pas d’accord», ne manque pas de prévenir Miloud El Moukharek, secrétaire général de l’Union Marocaine du Travail (UMT). Or, le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille. Il entend faire dépendre l’amélioration des revenus de la position des syndicats sur le dossier de la retraite. Reste que sur ce dossier, la position des syndicats reste tranchée. Ils ne veulent en aucun cas perdre les avantages que le système de retraite représente pour les salariés.

Ainsi, la reprise très timide du dialogue social sous l’ère El Othmani n’a pas manqué de buter aussi bien sur ces dossiers épineux que sur celui de l’élaboration de la loi organique portant modalités d’exercice du droit de grève. Une loi qui n’a que trop tardé à voir le jour. Quant aux objectifs prévus dans le plan national de promotion de l’emploi de Mohamed Yatim, ministre de l’emploi et de l’insertion professionnelle, de créer 200.000 emplois par an en moyenne et ramener le taux de chômage de 9,4% actuellement à 8,5% en 2020, ils sont plus que difficiles à atteindre, surtout lorsqu’on sait que les gouvernements successifs, qui ont précédé l’actuel gouvernement El Othmani, ont montré leur impuissance à faire face à ce fléau social qu’est le chômage de masse.

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