L'agitation des doublures

Driss Fahli Driss Fahli

La politique prend un visage  à part à l’approche  de chaque rendez-vous  électoral. Les ennemis  d’hier deviennent  les intimes d’aujourd’hui et les  amis de naguère se déclarent la  guerre. Se désolidariser de l’autre  devient alors la pierre angulaire  sur laquelle chaque parti espère  troquer sa lucarne à l’ombre  contre une place au soleil. La façon  d’y parvenir est simple de ce côté  de la Méditerranée. Concocter une  salade politique qui n’a même pas  l’air d’un programme. La farcir  de promesses mensongères et  compter sur la crédulité d’une  populace saturée de religiosité mal  embouchée et nourrie d’un islam  politique tombé directement de la  stratosphère rétrograde des partis  et des acteurs qui s’en proclament  et qui en exploitent les retombées  sonnantes et trébuchantes.

C’est ainsi que notre impayable  Premier ministre donne l’accolade  à son frère ennemi Chabat et  lui susurre à l’oreille la dernière  blague. Profi te de la présence de  Driss Lachgar et Habib El Malki  de l’USFP pour leur tendre une  main d’enterrement de hache de  guerre. Caresse dans le sens du  poil son ennemi juré de toujours,  Ilyas El Omari du PAM. Bref, tout  ce monde de faux et de triques qui  a joué le navet politique «Benky  2011» est en train de se préparer  pour nous écrire un nouveau  scénario du même légume.

Puisse  Dieu nous prendre en pitié, Amen!  Dans ce nouveau navet, le chef du  RNI et ministre des Aff aires étrangères  du Royaume, Salaheddine  Mezouar, demande aux jeunes  encore accrochés au mouvement  du 20 février, de protester contre  un gouvernement qui n’écoute  pas le peuple! Tiens donc! Qu’estce  que c’est que cette bizarrerie  politicienne du numéro deux de la  coalition majoritaire du gouvernement  distillée à la veille de la fête de  l’amour? C’est sûrement les relents  soixante-huitards du ministre qui  refont surface pour rappeler à la jeunesse  son devoir naturel de révolte.

Alléluia! C’est tout trouvé, nous  avons maintenant notre Stéphane  Hessel national qui incite notre  jeunesse à l’indignation et la pousse  à ne pas accepter le maquillage  des revers de son gouvernement  et les bouff onneries du PJD, dont  les actions politiques n’ont fait que  creuser les inégalités et le chômage  et approfondir la pauvreté de cette  même couche qui lui sert de fourrage  électoral.

Même dans nos rêves les plus  secrets, nous n’avions jamais espéré qu’une telle critique ouverte  émane de l’intérieur contre le  bilan foireux du gouvernement  et ses nombreuses erreurs  d’appréciation.  Je suis certain qu’à son habitude,  Benkirane, qui s’en fout  comme en 14 des déclarations  de Mezouar et qui a plus d’un  tour dans sa djellaba pour faire  face à la polémique, puisera  dans la mare aux crocodiles et  autres animaux féroces de son  imagination fertile pour justifi er  le tintamarre opportuniste et  bizarre de son acolyte du RNI.  Toutes ces manifestations contre  Amendis à Tanger, l’agitation des  enseignants stagiaires, le refus  des syndicats de sa réforme des  retraites, ne seraient qu’un jeu  de fi celles ourdi contre le PJD par  les pattes invisible des crocodiles  amis de Benkirane.  Il y a cependant dans l’action et  les déclarations du chef du RNI  des tonnes d’irresponsabilité.

Provoquer l’indignation et la  révolte sociale commence après  avoir jeté de l’huile sur le feu  mais on ne sait jamais ni quand  ni comment elle va s’arrêter une  fois lancée.  Heureusement que nous avons  un Roi qui veille et qui fait effi -  cacement le boulot. Les partis,  les politiques et autres serviteurs  zélés ne sont que des doublures  sans étoff e qui s’usent sans  jamais bien servir

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