Une richesse qui profite à des oligarchies
Driss Fahli
Une virée de quelques semaines dans quelques pays d’Afrique francophone a semé le doute dans mes espoirs de la voir renaître de ses cendres. La littérature médiatique avait allumé l’espoir probable de la voir, comme le prétendaient tous ces prévisionnistes de l’augure qui rapporte, devenir les Émirats de demain.
Dès la sortie des aéroports, où les mots «sécurité» et «sûreté» ont des consonances autrement spécifiques, on s’aperçoit que la mutation Émiratie n’est pas à l’ordre du siècle et qu’elle n’est pas pour demain.
Dans tous ces pays, la présence française est plus implémentée qu’aux temps de la colonisation. Elle est solidement campée et tellement effective que, par exemple, pour payer les taxes d’enregistrement dans un de ces pays, le virement se fait à travers la Banque de France, à Paris.
Mon hôtel se trouve à la rue de Verdun. Pour se promener, il faut prendre le boulevard du Général De Gaulle puis la rue Clémenceau et ensuite aller à droite via la rue Pierre Lotti pour débarquer sur la rue de l’Indépendance. Ouf, enfin une dénomination universellement locale et africaine.
Dans cet autre pays, les seules routes pavées sont la piste de l’aéroport, une autre rue de l’Indépendance et l’avenue de France. Toutes les autres routes sont en terre boueuse. Ici, le matin de mon arrivée, 50 morts sont dénombrés à l’aube suite à des échauffourées interethniques. Dans ce pays, chaque matin apporte son lot de mort par bêtise humaine sans que personne ne s’en soucie. C’est des bouches à nourrir en moins. Plus ils se tuent entre eux mieux cela vaut pour l’exploitation des immenses et denses forêts du pays, des soussols riches en diamants, or, uranium, cuivre et autres ressources qui profitent à quelques oligarchies qui ont vendu l’âme du pays à l’autre; à la France omniprésente, à la minuscule Belgique ou à la Chine vorace.
Cet habitant de Bangui me disait que le sol appartient la République Centrafricaine mais que le sous-sol appartient à la France. En fait, pour dominer un pays africain, on n’a pas besoin de la présence physique de ses nationaux ni de ses militaires. Il suffit de saccager ses richesses naturelles.
Une autre façon de garder à l’Afrique son statut de fournisseur de matières premières et de main d’oeuvre à bas coût est de favoriser l’émergence de bandes armées dissidentes contrôlées à distance. Le cas du Congo est des plus significatifs. Une bande armée de voleurs et d’assassins des pays voisins s’empare des richesses minières pour les revendre à des multinationales occidentales complices du forfait et des massacres de millions de pauvres gens.
La création de l’Union Africaine avait soulevé à sa naissance, sous la poussée de Kadhafi, quelques inquiétudes occidentales. L’assassinat de ce dernier et la destruction de la Libye par Sarkozy et Blair ont réduit ce pays à son statut de pauvre africain et mis fin, pour longtemps, aux inquiétudes capitalistes.
La démarche marocaine déterminée en Afrique et sa tentative de l’unifier dans une coopération Sud-Sud vient à contresens de la vision vassale réservée à l’Afrique par ses ex-colons. Ceux-ci échafauderont à coup sûr les plans tordus qu’il faut pour nuire au Maroc et contrer sa politique africaine, à commencer par la manipulation du pion Polisario.
L’avenir de l’Afrique: C’est une banque africaine, une monnaie unique, un passeport unique et une charte de défense et de sécurité unique. Le réveil commencera avec un marché commun et une force militaire unifiée. Mon pessimisme vous le disait au début, ce n’est pas pour demain