L’affaire de l’adolescente agressée à l’université de Meknès : Terreur dans les campus

VIOLENCE. Les campus marocains sous toujours sous la joute des factions politisées. Des individus proches d’un groupuscule d’extrême gauche ont lynché, le 17 mai 2016, une jeune fille à l’université de Moulay Ismail de Meknès.

Temple du savoir, de l’apprentissage et de l’ouverture d’esprit en principe, l’université a toujours représenté dans les esprits un espace sacré et valeureux. Une image sérieusement entachée dans certaines villes du Maroc, où les universités sont devenues de véritables champs de bataille pour des étudiants ultra-endoctrinés.

Ces jeunes ont troqué leurs polycopiés et leurs cartables pour des sabres et des bâtons, et se lancent dans des guerres des opérations de représailles, pour défendre leurs camps politiques et idéologiques. Dernier fait similaire en date, l’horrible agression, mardi 17 mai 2016, à l’Université Moulay Ismail de Meknès, avec coups et blessures, d’une fille mineure. Les agresseurs, des membres d’une faction d’extrême gauche très active dans les universités marocaines, la Voie démocratique basiste, ont attaqué la victime, avant de la ligoter pour la soumettre à la fameuse épreuve du «procès populaire».

La victime, Chaima, âgée de 17 ans, une employée qui travaille dans la cafétéria de la Faculté des Sciences de Meknès, subit alors une véritable séance de torture. Entre gifles, coups de pieds, insultes, les agresseurs n’ont pas fait dans la demi mesure pour punir la jeune fille, impuissante face à des dizaines de monstres aveuglés par leur haine. La terreur atteint son paroxysme lorsque les bourreaux improvisés du «tribunal populaire» public, décident de raser le crâne et les sourcils de Chaima.

A Meknès, comme à Fès, Marrakech ou encore Agadir, les factions estudiantines font encore la pluie et le beau temps. La loi de la jungle y règne par la force des armes et de poings. En témoigne l’agression de Chaima, qui a eu lieu devant des centaines d’étudiants et en présence des responsables de la faculté, sans la moindre intervention pour y mettre fin. Toute personne ayant essayé de porter secours à la victime a été sévèrement réprimandée par les agresseurs, armés de sabre et déterminés à punir la jeune fille.

Politique de la terreur

Deux jours après, la présidence de l’université s’est fendue d’un communiqué dans lequel elle révèle plusieurs détails sur le triste événement qui a bouleversé l’opinon publique marocaine. L’agression se préparait l’après-midi du 17 mai 2016, à 16h30 précisément, avec des altercations musclées entre la victime et ses agresseurs devant la porte de l’établissement. Résultat: un des agresseurs, ainsi que la sœur de la victime, âgée de 16 ans, ont été blessés.


Celle-ci est transférée à l’hôpital provincial Mohammed V, alors que Chaima a été capturée puis lynchée publiquement. Les responsables de l’université parlent de pas moins de 200 gifles infligées à la victime. Quant aux motivations des agresseurs, les versions divergent.

Certains témoins sur place affirment que le victime aurait insulté un étudiant appartenant au groupe des agresseurs, qui l’auraient attaquée par la suite en guise de punition. Mais l’hypothèse la plus évoquée indique que les agresseurs soupçonnaient Chaima d’être une «taupe» à la solde de la police ou d’autres factions rivales au sein de la faculté.

Condamnation générale

Dans tous les cas, et quelles que soient les motivations des agresseurs, cet acte barbare a été unanimement condamné. Le Parti de la justice et du développement (PJD) a été particulièrement ferme dans sa réaction. Certains de ses cadres n’hésitent pas à comparer les pratiques des activistes d’extrême gauche dans les universités marocaines aux actions terroristes de Daech. D’autres acteurs politiques et associatifs ainsi que les internautes ont également dénoncé l’agression dont a été victime Chaima, tout en appelant à éradiquer ce genre de pratiques et libérer l’université marocaine de «l’emprise» des violents groupes politisés.

Le ministre de l’Enseignement supérieur Lahcen Daoudi a d’ailleurs appelé, le 24 mai 2016, en réponse aux questions des députés de la première chambre du parlement, à constituer une commission d’enquête pour définir les responsables derrière l’agression. Le ministre n’a pas manqué de critiquer ce qu’il a appelé des «courants politiques qui prétendent défendre les droits de l’Homme, mais soutiennent ces factions violentes».

Pour leur part, le service préfectoral de la Police judiciaire de Meknès a arrêté, le 19 mai soir, six étudiants universitaires, soupçonnés d’avoir participé directement à cette agression. Parmi les personnes interpellées, figure une étudiante de 24 ans qui faisait l’objet avec un autre étudiant, d’un avis de recherche pour menace, lancé par la Police judiciaire à Meknès. Ces six individus ont été placés en garde à vue à la disposition de l’enquête menée sous la supervision du Parquet général.

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