La tragédie de Tan Tan

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Douleur et interrogations après l’accident de circulation de Chbika


DRAME. Quatre jours après l’accident  tragique de Tan Tan, les familles des  victimes continuent d’enterrer leurs  morts. La douleur est toujours aussi  intense pour tous les Marocains.

Lundi 13 avril 2015, à l’hôpital Ibn Tofail de  Marrakech, un ange a rejoint les cieux,  brûlé vif et meurtri par la bêtise humaine.  A 1h30, la petite Hasnaa, 12 ans, une autre  victime de l’accident de la route survenu  à Tan Tan le vendredi 10 avril 2015, a rendu l’âme.  Elle s’en est allée rejoindre les 33 victimes de cette  catastrophe qui a secoué le Maroc tout entier.
Originaire de la ville de Laâyoune, la petite fille a  succombé à ses blessures. Son corps frêle n’a pas  pu supporter les brûlures de 3ème degré qui l’ont  endolori. Il a ainsi livré sa dernière bataille après  une lutte acharnée pour la survie qui a duré 4 jours à  partir du moment où son corps, ou ce qui en restait,  a été transporté par hélicoptère vers l’hôpital Ibn  Tofail de Marrakech, 150km plus loin.
Là où elle est partie, 11 autres chérubins avec  lesquels elle a partagé des moments de joie et de  compétition, l’attendaient. Ils venaient de participer  à la 6ème édition des Jeux scolaires qui s’est tenue  entre Rabat, Bouznika et Témara entre le 5 et le 9  avril 2015. Ils avaient toute la vie devant eux, mais  c’était sans compter avec le destin et l’insouciance  des hommes.

Médiatisation et récupération  Hasnaa a tiré sa révérence, un jour de rentrée alors  que ses camarades de classe attendaient qu’elle les  rejoigne après les vacances du “printemps”. Elle a  préféré répondre à l’appel de Dieu comme l’ont fait  ses jeunes compagnons de voyage.
Lundi 13 avril 2015, à l’école Abdelkarim Khattabi,  à Laâyoune, c’était le deuil. Les places vacantes des  défunts élèves accentuaient le vide qu’ils ont laissé dans la vie de leurs voisins de tables. Et c’est avec  des larmes que les jeunes apprenants ont entamé  le dernier trimestre de l’année scolaire. Ils avaient  encore en mémoire les blagues qu’ils s’échangeaient  en plein cours, leurs canulars et leurs fous rires.

Carburant de contrebande
Chagrin, amertume et surtout incompréhension,  sont le lot de tous les Marocains qui ont suivi,  avec un grand intérêt, le drame de Chbika, théâtre  du terrible accident qui a causé la mort de 34  personnes lorsqu’un autocar de la CTM est entré en  collision frontale avec un semi-remorque avant de prendre feu. Les images des véhicules calcinés,  qui ont fait le tour du net, ont révélé l’ampleur  de la déflagration et ouvert la voie à toutes les  spéculations concernant les causes de l’accident.  Plus douloureuses sont encore les photos qui  dévoilaient les visages angéliques des victimes et  les vidéos qui montraient les témoignages poignants  de survivants et des familles de tous ceux qui ont péri  dans le drame.
Au milieu de cette surmédiatisation, le camion  citerne qui a percuté le car a d’abord été pris pour  un véhicule servant à transporter du carburant de  contrebande.
On a ensuite mis en cause l’état de la  voierie. La première cause a en effet été confirmée  par les premiers éléments de l’enquête, diligentée  par le ministère de l’Intérieur. Ils ont constaté que  le camion transportait un réservoir supplémentaire  rempli de carburant de contrebande.  La seconde cause a, elle, été récupérée par Hamid  Chabat, Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal,  pour régler ses comptes avec ses adversaires du  parti de la lampe. Le leader politique n’a pas hésité  à prendre Aziz Rebbah, ministre de l’Equipement et des transports, pour responsable. Ce dernier n’a pas  tardé à répliquer lors de la séance de questions orales  qui s’est tenue le mardi 14 avril 2015, en réfutant  toute corrélation entre la voirie et l’accident. Dans  ce cafouillage politique, le peuple ne comprend  toujours pas pourquoi le pays n’a pas décrété un  deuil national.

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