Driss Fahli
Plébiscité, notre élu va pomper l’argent du contribuable, voyager aux frais de la princesse, valider des lois sans pouvoir les comprendre.
Un élu, un député, est une sangsue politique théoriquement utile pour l’hirudothérapie démocratique. L’hirudothérapie étant l’utilisation de la capacité de la sangsue à prélever de façon indolore le sang humain en injectant un anesthésique naturel et un anticoagulant qui améliore le retour veineux. Une fois anesthésié, on ne sent plus ses hémorroïdes, son arthrose, son entorse et pleins d’autres bobos qui brisent le charme de la vie.
On peut tirer la conclusion que notre élu, notre député est une sangsue qui nous veut du bien. Que nenni! Il s’agit juste du texte inscrit dans le flyer publicitaire de l’avant-élection et des discours pompeux destinés à rafler la mise des bulletins de vote: Plébiscité, notre élu va pomper l’argent du contribuable, voyager aux frais de la princesse, valider des lois sans pourvoir les lire et les comprendre, utiliser la portion pygmée de pouvoir qui lui est attribuée par la force des choses pour ses intérêts personnels et l’obtention de faveurs administratives d’où est exclu son électorat. Tant qu’il y est, il profitera de son immunité pour s’immuniser contre les comportements irrationnels de la justice et du gendarme. Une fois dégagé, il bénéficiera d’une retraite confortable. Voilà un métier qui ne demande aucune compétence si ce n’est d’être fort en blabla.
Au paradis démocratique, un député représente une ville où il habite, Il parle au nom de la population qu’il représente. Il crée une dynamique locale et s’élève par un discours argumentairement persuasif contre les décisions colorées et inconstitutionnelles du gouvernement. C’est un représentant national avant d’être un outil parlementaire au service de son parti. Nous ne sommes pas au paradis et celui-ci n’est pas sur terre.
Ainsi, la loi de finances 2017 est venue au jour avec un article 8 Bis, qui permet à l’État de s’accaparer des biens des citoyens sans crier gare et en toute légalité. Dans une telle situation, le citoyen n’aura plus que les yeux pour pleurer. La même loi édicte que les biens de l’État sont insaisissables et le paiement des expropriations peut s’étaler ad vitam aeternam en fonction de la situation budgétaire piteuse de l’État.
En d’autres termes, selon cette loi, l’État peut vous voler votre bien en toute légalité et vous payer en monnaie de singe selon l’échéancier qu’il veut sans que vous ne puissiez ouvrir le bec. Idem si vous vous faites arnaquer par une personne morale de droit public, vous ne pouvez plus exécuter aucun jugement, même s’il est pris en votre faveur par la cour intergalactique de justice. La crédibilité des affaires et de l’investissement au Maroc vont avoir des gueules de bois.
Nos députés, en grande majorité absents durant le vote, ont adopté cette débilité le 12 mai en première lecture par la chambre des représentants. Je vous l’avais dit, ils ne savent pas lire. Ce n’est pas de leur faute. Celle-ci incombe aux analphabètes qui ont voté pour eux. Il ne faut donc pas s’étonner de voir toute une région se soulever violemment contre sa mauvaise gestion, ni incriminer les crocodiles étrangers de ce qui nous arrive. Nos députés, nos partis et nos politiciens ne sont pas à la hauteur de ce qu’on attend d’eux. Espérons que les représentants de la chambre des conseillers ne seront pas aussi moutons de Panurge. Ceci ne va pas sans reposer pour la nième fois le problème des absences au parlement. À mon avis, il faudrait adopter le même traitement réservé à l’employé lambda: Absences répétées non justifiées d’un élu ou d’un député est égale à une faute grave et un licenciement sans indemnités ni avantages. Cela ne débarrassera pas le plancher parlementaire de toutes les sangsues engorgées mais permettra au moins leur renouvellement.
Vivement un Macron marocain, même plat du pied, pour donner un coup dans la fourmilière de tous ces partis politiques hâbleurs aux coquilles vides et qui remettent dans le système et dans leurs bureaux, à chacun de leurs congrès, les mêmes esbroufeurs.
En continu