Assassinat d’Hervé Gourdel en septembre 2014 en Algérie, Ebola à l’automne de la même année, les attentats à Paris en janvier 2015, les attentats de Copenhague en février et du Bardo (Tunis) en mars, et pour finir les attentats de Soussa, en Tunisie, le 26 juin, qui ont coûté la vie à 38 personnes, en majorité des touristes britanniques.
Ces événements ont eu successivement des conséquences fâcheuses sur le tourisme marocain et ont suscité un esprit de méfiance chez les Français, premier contingent historique de touristes, qui évitent depuis le début de l’année de se rendre au Maroc. Les annulations de réservations se confirment et avec l’attentat de Soussa, l’on craint le pire. Si l’attentat de Paris au mois de janvier a joué, ceux de Soussa ont également freiné les départs des Français vers l’ensemble des pays musulmans, notamment Maroc, où le tourisme pèse 10% de la richesse nationale, et où plus d’un vacancier étranger sur quatre vient de l’Hexagone.
Selon le baromètre du Syndicat des agences de voyages (Snav), la destination Maroc a enregistré une baisse de 46% sur janvier-mai (48% en volume d’affaires) par rapport à la même période de 2014.
Conséquence de cette «désaffection croissante», le Maroc ne fait plus partie des cinq destinations préférées des vacanciers français. Même son de cloche chez le Syndicat français des entreprises du tour-operating (Seto) qui a, à son tour, rapporté une chute vertigineuse de 31,1% du nombre de voyageurs à forfait, sur une période comparable.
Problèmes structurels
Toutes provenances confondues, le nombre de touristes arrivant au Maroc a baissé de 1,5% sur janviermai par rapport à l’année précédente, a reconnu le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad. La déprime gagne petit à petit les opérateurs touristiques et notamment les hôteliers. La saison s’inscrit depuis le début déjà dans une tendance baissière. A Agadir, principale destination touristique du pays aux côtés de Marrakech, la morosité règne toujours. «Pour l’instant, nous sommes dans l’attentisme. On va voir la réaction des touristes à l’attentat de Soussa dans les prochains jours.
Mais nous craignons des annulations de réservation. En Tunisie, les annulations se sont confirmées. Il y a deux cas de figure à envisager: soit les touristes se tourneront vers les destinations européennes, soit on va en profiter en partie. Mais, généralement, et nous en avons l’expérience, ça va se retourner contre tous les pays arabo-musulmans, y compris le Maroc», déclare Salaheddine Benhammane, président du Conseil régional du tourisme (CRT) d’Agadir. En février, soit quelques semaines avant l’attentat du Bardo à Tunis, le gouvernement a lancé un plan d’action doté de 10 millions d’euros, dans le but de réaffirmer la stabilité du Maroc. Une stratégie qui ne porte pas encore ses fruits. Il est temps peut-être de rectifier le tir.