Inflation. À quelques jours du mois sacré du Ramadan, les prix, notamment ceux des produits alimentaires, connaissent une hausse accélérée.
Comme à l’accoutumée, dès que le mois de ramadan approche, les prix des produits alimentaires entament leur cycle de hausse. À cette habitude viennent s’ajouter cette année toute une série d’augmentations de prix d’autres produits et services qui constituent des dépenses incompressibles dans le budget des ménages marocains. À commencer par la hausse de plus de 5% (en glissement annuel) durant les quatre premiers mois de 2015 aussi bien des tarifs de l’eau, de l’électricité que ceux des combustibles et autres péages d’autoroute. Cette tendance à la hausse des prix par rapport au premier semestre de l’année précédente s’est accélérée du fait notamment de l’entrée en vigueur en 2015 des augmentations des taux de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). Hausses qui ont impacté plus particulièrement des produits alimentaires aussi vitaux que le thé, les farines et semoules de riz ou les farines de féculents.
Certains observateurs vont même jusqu’à pronostiquer que les augmentations de prix ne se limiteront pas cette année simplement aux produits alimentaires fortement consommés durant le mois sacré de ramadan mais toucheront aussi d’autres produits et services dont la consommation connaît une progression non négligeable. En effet, l’impact de la hausse des prix sera d’autant plus important que le Ramadan coïncide cette année avec la pleine saison estivale. Saison des fêtes de mariage et des vacances d’été.
Hiérarchie sociale
Or, si l’impact de cette hausse sera plus supportable pour les couches aisées, il n’en est pas de même pour ceux et celles qui se trouvent au bas de l’échelle sociale. Comme ces deux millions de Marocains qui ne dépensent que 12 dirhams par jour. Quant à ceux qui se trouvent à un niveau moyen de la hiérarchie sociale, l’effet de la hausse des prix ne les laisse pas indifférents, puisque leurs dépenses sont souvent multipliées par deux ou trois durant le Ramadan.
La vie chère en ces temps de crise les touche davantage. La cause n’est autre que la stagnation des revenus et son corollaire la baisse du pouvoir d’achat. Selon une enquête récente couvrant le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, cette baisse du pouvoir d’achat concerne la moitié de la population active marocaine. Population dont 84% estiment que la vie est devenue chère à cause de la hausse des prix des produits alimentaires ainsi que celle des tarifs de l’eau et de l’électricité.
Cette baisse du pouvoir d’achat est d’autant plus inquiétante qu’elle touche ceux qui disposent d’un revenu régulier comme ces trois millions de salariés déclarés à la Caisse nationale de Sécurité Sociale (CNSS) dont le salaire moyen est tellement bas, autour de 4.811 dirhams par mois pour les plus favorisés et 2.450 dirhams par mois pour les «smigards». Soit autant de revenus modestes qui n’augmentent guère et qui sont loin de faire face à la flambée des prix des produits et services de toutes sortes.