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Au Moussem international d’Assilah, les enjeux continentaux au cœur des débats

“La crise des frontières en Afrique : les parcours épineux”

Les conflits transfrontaliers qui endeuillent le continent sont la conséquence du découpage territorial colonial. Face à cette problématique, le Maroc a toujours été à l’avant-garde des initiatives de nature à susciter de nouveaux paradigmes.


Mohamed Benaïssa fondateur et animateur du Moussem d’Assilah.

 

 

Le Forum international d’Assilah promet d’être le théâtre de débats aussi importants qu’actuels. Organisée depuis 2020, la session d’automne réunit des décideurs politiques, intellectuels, journalistes marocains et étrangers afin de discuter des problématiques qui façonnent le monde. Cette 45e édition, qui se tient du 14 au 31 octobre 2024, se déroule sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, à l’initiative de la Fondation du Forum d’Assilah, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication - département de la Culture - et la commune d’Assilah. 

Placé sous le thème “La crise des frontières en Afrique : les parcours épineux”, le colloque d’ouverture de cette édition s’est penché sur une problématique majeure, source, à nos jours, de conflits, de guerre civiles et de différends frontaliers sans fin. Autant de maux hérités du colonialisme, lesquels mettent à mal l’intégration africaine et le développement du continent, l’un des plus pauvres de la planète.


Bien que le «Groupe de Casablanca» ait appelé de ses vœux une refonte des frontières africaines en 1963, afin de s’émanciper des découpages coloniaux impartiaux et artificiels, qui ne tenaient aucunement compte des spécificités historiques et ethniques des pays africains nouvellement indépendants, le compte n’y est toujours pas.

Territorialement amputé

La Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernements de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) réunie au Caire, le 21 juillet 1964, fini par entériner le « principe de l’intangibilité » des frontières en Afrique. Un principe controversé qui «déclare solennellement que tous les Etats membres s’engagent à respecter les frontières existant au moment où ils ont accédé à l’indépendance». 

Six décennies après, les résultats sont pour le moins décevants. 

Les velléités séparatistes et sécessionnistes sont légion et les frontières, censées protégées les Etats, se sont transformées en lignes de front. Maghreb, bande sahélo-soudanaise, Corne de l’Afrique, Afrique de l’Ouest, le continent africain est celui qui compte le plus de conflits liés au tracé des frontières. 

Des millions de personnes ont trouvé la mort et des milliers ont été déplacées en raison des conflits transfrontaliers. Le conflit artificiel autour du Sahara marocain en est une illustration. « Durant la période coloniale, le Maroc fut effectivement territorialement amputé à l’Est et au Sud. A l’Est, la France agrandit les limites de sa possession algérienne en lui rattachant des régions historiquement marocaines comme le Touat, la Saoura, le Tidikelt, le Gourara et la région de Tindouf. Des démembrements qui se trouvèrent entérinés avec l’indépendance de l’Algérie» rappelait Bernard Lugan. Conscient de ce défi, le Maroc a adopté une politique volontariste, proposant plusieurs initiatives à même de transformer les frontières en un espace d’opportunités. Lors des débats au forum international d’Assilah, l’ambassadeur, directeur général au ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Fouad Yazourh, s’est félicité du fait que “le Maroc a su, sous le leadership de SM le Roi Mohammed VI, lancer des initiatives porteuses pour l’Afrique, dont l’Initiative royale pour l’Atlantique, qui vise une intégration des pays riverains de l’Atlantique, du nord au sud”. Le diplomate a insisté sur le fait que «tout le processus d’intégration inter-régionale verse dans la solution du problème transfrontalier”

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