KHALID AÏT TALEB A-T-IL CONVAINCU LES MAROCAINS?

LE MINISTRE DE LA SANTÉ RÉPOND AUX ACCUSATIONS CONTRE SA GESTION DE L’ÉPIDÉMIE

Tests de dépistage, masques, marchés publics, lits de réanimation… le ministre de la santé a répondu aux accusations dont il fait l’objet au sujet de sa gestion de l’épidémie. Parfois convaincant, souvent direct, mais néanmoins non dénué de sincérité, il s’est livré à un exercice difficile devant les députés.

Face à la montée des contaminations et à l’aggravation de l’épidémie, le secteur sanitaire public fait face à une situation explosive. Manque de moyens, structures hospitalières saturées, médecins au bord de la crise de nerfs et matériel médical insuffisant, jamais notre système de santé publique n’a été mis à telle rude épreuve. Considéré déjà avant la pandémie comme fragile, peu équipé et livré à une gestion catastrophique, il est désormais quasiment à terre, exténué par une vague plus virulente des contaminations. Invité par les parlementaires à s’expliquer sur la gestion de l’épidémie, le ministre de la santé, Khalid Aït Taleb, a tenté tant bien que mal de défendre ses actions à la tête d’un secteur dont il a pris les commandes il y a, environ, un an. Professeur Khalid Aït Taleb, qui avait dirigé le CHU de Fès, a été nommé par S.M. le Roi Mohammed VI en octobre 2019 comme ministre de la santé dans le cadre du remaniement ministériel présenté à l’époque comme un gouvernement des compétences.

Une situation sanitaire inédite
Devant les députés, M. Aït Taleb a livré des explications variablement convaincantes sur les reproches dont il a fait l’objet ces derniers mois. Accusé principalement de passer des marchés publics sans appels d’offres, d’autres avec des procédures illégales, le ministre de la santé avoue avoir été placé au coeur d’une situation sanitaire inédite qui exige une rapidité dans la prise de décision tout en préservant une efficacité qui permettrait de répondre à une forte demande des soins.

Sur les tests de dépistage, il déclare que le Maroc a bénéficié d’un soutien précieux de la part des Chinois et des Sud-Coréens, qui ont livré au Royaume des quantités importantes de kits de dépistage. Quant aux autorisations accordées aux laboratoires pour réaliser les tests, il affirme qu’un cahier des charges strict a été établi pour obliger les laboratoires privés à respecter une certaine nomenclature tarifaire. Il avance, en effet, que le prix du test PCR a été arrêté, officiellement, à 680 dirhams. Un prix relativement élevé eu égard à la crise économique actuelle et la baisse du pouvoir d’achat des ménages.

Sur les lits de réanimation, il justifie certaines décisions de commander des lits à l’étranger par l’urgence de l’action et la nécessité d’équiper de nouveaux hôpitaux de campagne et de créer de nouvelles unités de réanimation dans plusieurs hôpitaux publics souffrant de carences médicales terribles. Quant aux accusations liées aux marchés publics passés sans appels d’offres, il répond que les procédures légales ont été scrupuleusement respectées et que plusieurs sociétés marocaines, qui n’avaient jamais accédé aux marchés du ministère de la santé, ont pu finalement y accéder, soulignant la totale transparence de ces opérations. Mais, pour beaucoup, le ministre de la santé a manqué de précisions sur certaines transactions réalisées dans l’urgence et parfois dans la précipitation.

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