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Karim Tazi tire à boulets rouges sur le PJD


Une lettre incendiaire à Abdelilah Benkirane


Dans une lettre adressée à l’ancien Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, le patron de Richbond dresse un constat virulent de l’expérience du parti islamiste dans la gestion des affaires publiques.

Le moins que l’on puisse dire est que les hommes d’affaires et les investisseurs nationaux et internationaux voient d’un très mauvais oeil l’évolution du climat des affaires au Maroc. Un climat qui ne cesse de se dégrader d’année en année, surtout après l’arrivée du PJD au pouvoir en janvier 2012. Tous les hommes d’affaires marocains sont, à cet égard, unanimes : le PJD a plombé l’économie nationale. Parmi eux, Karim Tazi, dirigeant du groupe industriel Richbond, qui vient d’envoyer une lettre ouverte à l’ancien Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane.

Coup de gueule
Membre du parti de gauche, le PSU de Nabila Mounib, connu pour son franc-parler, Karim Tazi évoque un bilan économique désastreux et un statu quo dévastateur durant les sept années de gouvernement du PJD. Karim Tazi justifie son coup de gueule par la dégradation de la situation économique et sociale du pays ayant conduit aux événements d’Al Hoceima et de Jerrada notamment. « … la crise révélée par les Hiraks du Rif, de Jerrada et le récent boycott populaire de trois compagnies. Crise politique parmi les plus graves qu’ait connues le Maroc indépendant », fulmine M. Tazi dans sa lettre.

L’homme d’affaires y dresse un constat virulent de l’expérience du parti islamiste: «celui de la dérobade historique des gouvernements PJD devant les batailles les plus cruciales, dérobade qui nous a valu de perdre les acquis du mouvement du 20 février, du discours du 9 mars et de l’adoption de la nouvelle Constitution», ajoute-til. Pour celui qui avait pourtant soutenu le PJD et applaudi son succès aux élections législatives de novembre 2011, le parti islamiste n’a pas su mener les réformes nécessaires pour sortir le pays du marasme politique et économique ambiant. Au contraire, selon lui, les promesses faites au lendemain de leur arrivée au pouvoir n’ont pas été tenues.

Cet état de fait, Karim Tazi l’explique par: «l’absence de l’Etat de droit, la restriction des libertés, la prééminence de la rente, la prolifération de la corruption et la priorité donnée à l’accumulation des infrastructures imposantes au détriment du capital humain».

Lamentable échec
Cette lettre envoyée à l’ancien Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, fait suite, comme l’explique M. Tazi, à une communication téléphonique reçue de l’ex-secrétaire général du PJD pour lui reprocher ses déclarations dans la presse où il accuse le parti islamiste d’avoir participé à la détérioration du climat des affaires dans le pays. Surnommé le «milliardaire rouge», Karim Tazi soutient fermement que le PJD a lamentablement échoué face aux lobbys de l’économie de la rente, préférant se cacher derrière les «crocodiles et les démons», expression souvent employée par Abdelilah Benkirane, pour justifier son incapacité à lutter contre ces lobbys. Mais derrière les idées politiques de ce militant “anti-makhzen“ qui n’a pas froid aux yeux, préférant bousculer le système, se cache un homme d’affaires pragmatique, soucieux d’efficacité et de performance économique.

Fils de Abdelaziz Tazi, homme d’affaires prospère, décédé en octobre 2017, ce natif de Casablanca en 1960 dirige actuellement l’une des entreprises de textile et d’ameublement les plus dynamiques dans le Royaume. Sa plongée dans les affaires a eu lieu après de brillantes études en droit international à l’université de la Sorbonne de Paris et un MBA décroché aux Etats-Unis.

Patron atypique
Mais cet industriel aux ambitions fortes déteste le conformisme. Puisant certainement son caractère dans le milieu familial militant où il a été élevé, il participera au mouvement du 20 février, dès le début, auquel il n’a pas hésité à apporter son soutien politique et même matériel.

Un soutien qui lui a valu de nombreuses inimitiés dans le milieu politique et économique national. Il faut dire que l’engagement citoyen de ce patron atypique ne date pas d’aujourd’hui. Fondateur de la Banque alimentaire, qui collecte les denrées pour les redistribuer aux associations caritatives, il est l’un des acteurs les plus actifs dans la société civile marocaine. Karim Tazi, avec sa force, son énergie et sa vivacité, parvient à intervenir sur tous les fronts. Sa lettre adressée à Abdelilah Benkirane prouve une fois encore que l’homme n’a rien perdu de ses idées et ses positions politiques. La politique, il s’y connaît. Il est tombé dedans tout petit.

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