C’est devenu un marronnier. Chaque année, à l’approche du 20 avril, qui coïncide avec l’anniversaire du Printemps amazigh de 1980, les Kabyles du monde battent le pavé pour faire valoir leurs droits politiques et culturels, et plus récemment davantage leurs revendications indépendantistes. Un exercice auquel ils n’ont qu’exceptionnellement dérogé au cours de la pandémie de Covid-19, distanciation sociale oblige. Cette année 2024, la diaspora kabyle a donc, comme on s’y attendait, de nouveau investi la rue, principalement à Paris, la France comptant, comme chacun le sait, la plus importante communauté kabyle installée en dehors de l’Afrique du Nord. On parle, ainsi, d’une bonne vingtaine de milliers de manifestants qui, le 14 avril 2024, ont marché depuis la place de la Bastille à celle de la Nation, dans la rive droite de la Ville lumière.
Le désormais président kabyle, Ferhat Mehenni, était d’ailleurs personnellement présent sur place, tout comme les autres principaux dignitaires du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), le mouvement de libération nationale kabyle de référence à l’heure actuelle. Mais de l’autre côté de l’Atlantique aussi, à Montréal et à New York notamment, les drapeaux jaunes et bleus kabyles ont également été brandis au devant, accompagnés de “Ass n Tlelli” (le jour de liberté, en français), l’hymne national kabyle. C’est que l’indépendantisme kabyle prend de plus en plus, au fur et à mesure, une tournure internationale, faute de pouvoir en même temps s’exprimer au plan local, du fait de la machine de répression du pouvoir algérien. Mais jusqu’à quand Béjaïa, Tizi Ouzou et autres Sétif pourront-elles être réduites au silence?