Nouveau rebondissement dans l’affaire du prédicateur marocain né en France, Hassan Iquioussen. Le tribunal administratif de Paris a suspendu vendredi l’expulsion vers le Maroc, ordonnée par le ministère de l’Intérieur, de l’imam “proche” des Frères musulman, arguant qu’elle porterait une “atteinte disproportionnée” à sa “vie privée et familiale”. Cette décision intervient le lendemain de l’avis contraire de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), qui avait refusé de suspendre l’expulsion de l’homme de 57 ans.
Pour rappel, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé la semaine dernière l’expulsion prochaine de ce prédicateur né en France mais de nationalité marocaine, accusé par les autorités françaises d’avoir tenu des propos antisémites, homophobes et « anti-femmes » lors de prêches ou de conférences, tenus il y a près de 20 ans pour certains.
“Le seul motif tiré de l’existence d’actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination à l’égard des femmes ne (peut) justifier la mesure d’expulsion sans porter une atteinte grave et manifestement disproportionnée à son droit à mener une vie privée et familiale normale », a estimé le tribunal dans son jugement, rappelant que l’imam de 57 ans était “né en France où il réside depuis sa naissance avec son épouse et ses cinq enfants français et ses quinze petits-enfants français”.
Dès l'annonce de la décision du tribunal, Gérald Darmanina a affirmé être "bien décidé à lutter contre ceux qui tiennent et diffusent des propos de nature antisémite et contraires à l’égalité entre les hommes et les femmes ".
Installé dans le nord de la France, à Lourches, Hassan Iquioussen tenait, selon les éléments recueillis par la préfecture du Nord, des discours "haineux envers les valeurs de la République dont la laïcité" et à développer "des thèses antisémites". Il lui est reproché aussi d'inciter "à une forme de séparatisme" et d'alimenter "des thèses complotistes autour de l'islamophobie".
En 2004, l'imam avait déjà été accusé de propos "antisémites" par l'association du Conseil représentatif des institutions juives de France. L'intéressé, dans un message posté sur Facebook, avait rejeté les accusations et saisi mercredi la CEDH, qui siège à Strasbourg.
Le prêcheur est très actif sur les réseaux sociaux, notamment avec une chaîne Youtube, suivie par 169.000 personnes, et une page Facebook, comptant 42.000 abonnés. Né en France, il avait la nationalité française jusqu'à ce qu'elle lui soit retirée à sa majorité. De nationalité marocaine depuis, il avait alors bénéficié de titres de séjour. Mais le 22 juin dernier, la commission départementale d'expulsion des étrangers a donné un avis favorable à l'expulsion de ce père de 5 enfants majeurs.
Le Maroc, selon le ministre français de l'Intérieur, a délivré un "laisser-passer consulaire" pour "expulser manu militari" Hassan Iquioussen inscrit au fichier des personnes recherchées.
Avec AFP