Jouahri tape du poing sur la table

FAIBLE COMPÉTITIVITÉ DE L’ÉCONOMIE NATIONALE

De passage chez les députés ce 24 novembre, le wali de BAM n’a pas manqué d’égratigner le privé et sa propension de plus en plus à prendre le moins de risque possible.

C’est un moment de vérité auquel ont eu droit ce mardi 24 novembre 2020, les députés de la première chambre, face auxquels est intervenu le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, pour expliquer les mesures prises au cours des huit derniers mois par son institution pour aider l’économie nationale à faire face à la pandémie de Covid-19 qui frappe actuellement le monde. En gros, le Maroc devra attendre trois ans encore, au minimum, avant d’espérer en sortir.

“La relance sera lente en général et durera dans le temps pour certains secteurs, car elle dépendra de l’évolution de la pandémie et de ses délais,” a-t-il prévenu. Mais il y a plus: contrairement à la crise de 2008 par exemple, qui globalement a été circonscrite et n’a pas vraiment mis un coup d’arrêt à la marche du monde et encore moins à celle du Maroc, la crise d’aujourd’hui n’a pratiquement épargné personne, et elle est d’autant plus “multi-facette” dans la mesure où elle déborde aussi bien les champs de la croissance, du marché de l’emploi que de la vie sociale.

L’accent sur le capital humain
Et à cet égard, s’il a salué les efforts consentis par l’État pour parer à ces différentes facettes, qu’il a même qualifiés d’efforts “exceptionnels”, il n’en reste pas moins selon lui que le Royaume ne doit plus seulement se contenter de “jouer aux sapeurs-pompiers”, comme il l’a déjà fait dans le contexte précité ainsi qu’en différentes occasions tout au long de son histoire depuis l’indépendance, mais de véritablement construire sa résilience. Ce qui, à ses yeux, doit passer par des réformes aussi bien politiques que fiscales, de sorte à rendre le tissu productif national sinon plus fort, du moins moins faible. Car, a averti M. Jouahri, des crises, il y en aura encore et toujours.

Dans son oeil de mire notamment, la classe politique nationale, qui au lieu de “se chamailler à longueur de journée” -ce sont là ses mots- se doit plutôt de parler politique. Aussi, a-t-il poursuivi, l’accent se doit d’être mis davantage sur le capital humain, en matière principale d’éducation, de santé et de couverture sociale. Ce qui doit se répercuter par une montée en gamme, si l’on peut dire, en matière de gouvernance, dont il a fait le troisième axe de son intervention, condition sine qua non pour, enfin, pouvoir espérer monter dans le train de l’émergence.

Autrement, il est permis, à l’en croire, de douter que ce scénario se produise un jour. Au passage, M. Jouahri n’a pas manqué de défendre le secteur bancaire, pressé de toute part de la part des députés en raison de comportements qui selon eux n’auraient pas été à proprement parler “citoyens” depuis le déclenchement de la pandémie, et en même temps d’égratigner le privé, qui, in fine, devrait faire son aggiornamento, a-t-il insisté. Il a, dans ce sens, mis en cause le manque de compétitivité de ce dernier, qu’il a expliqué par sa prise de risque de moins en moins grande en comparaison avec les époques d’antan. En résumé, l’on a encore du pain sur la planche.

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