Impact des jeux vidéo sur la santé mentale des enfants

Quand la violence virtuelle provoque le drame

Le récent décès d’un jeune garçon à Kénitra à cause du jeu “Free fire” remet au devant de la scène l’impact des jeux vidéo sur la santé mentale des enfants et adolescents au Maroc, accros aux écrans depuis le confinement.

Les jeux vidéo sont devenus le passe-temps favori pour de nombreux enfants et adolescents. Beaucoup d’entre eux passent plusieurs heures devant l’écran de leurs smartphones pour s’adonner à des séances de combats virtuels via des applications populaires telles que PUBG ou Garina Free Fire.

Cette dernière, lancée en 2018, a généré plus de 1 milliard de dollars de revenus en novembre 2020 et compte actuellement pas moins de 80 millions d’utilisateurs actifs quotidiens dans le monde. Le jeu est structuré autour d’une bataille, dite royale, regroupant 50 joueurs parachutés sur une île à la recherche d’armes et d’équipement pour s’entretuer.

Une violence virtuelle qui, malheureusement, peut occasionner des scènes dramatiques comme ce qui s’est passé récemment à Kénitra, où un enfant est tombé en dépression à cause justement du «Free fire» après avoir constaté que son compte a été piraté.

Ne pouvant plus supporter ce vide, il a menacé sa famille de mettre fin à ses jours, avant d’être hospitalisé dans un hôpital où il succomba quelques jours plus tard. En décembre 2020, un autre cas avait défrayé la chronique à Sefrou. Un jeune garçon de 15 ans avait tué sa mère, en la poussant dans les escaliers, après que cette dernière ait refusé de lui donner 5 dirhams pour recharger son téléphone et jouer à Free Fire. Cette chute avait provoqué une hémorragie interne fatale à la dame.

Une maladie, selon l’OMS
Ces actes dramatiques ne seraient en fait que la partie visible de l’iceberg. Des conséquences fâcheuses de cette addiction grandissante à ces jeux. Une situation qui a pris des proportions alarmantes durant le confinement et le passage à l’enseignement à distance ou hybride qui permettent aux enfants et adolescents de passer plus de temps devant les écrans, souvent même à l’insu de leurs parents. Les statistiques de Free Fire durant cette période en disent long.

L’application a été classée au troisième rang mondial des téléchargements dans Google Play dans la catégorie des jeux mobiles durant le premier trimestre 2020. Elle comptait 402,1 millions d’utilisateurs actifs trimestriels durant cette période, soit une hausse de 48% par rapport à la même période en 2020.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a d’ailleurs officiellement reconnu, fin mai 2019, l’addiction aux jeux vidéo comme une maladie. D’après elle, cette addiction est «un comportement (…) qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, au point que celui-ci prend le pas sur d’autres centres d’intérêt et activités quotidiennes, et par la poursuite ou la pratique croissante du jeu en dépit de répercussions dommageables».

Selon l’OMS, «tout joueur doit être attentif au temps passé sur les jeux, en particulier si ses activités quotidiennes en pâtissent, ainsi qu’à tout changement physique ou psychologique, sur le plan social et celui de sa santé, qui pourrait être attribué à un comportement de jeu». Autant de troubles constatés chez les accros de ces jeux au Maroc. D’où la nécessité, selon certains acteurs associatifs de bloquer ces aplications devenues des drogues «douces» chez les utilisateurs.

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