Le gouvernement et les partis politiques doivent redonner la priorité aux jeunes. Leur capital confiance auprès de cette catégorie de la population s’épuise. Dans le nord du Royaume, la méfiance vis-à-vis de la politique est encore plus marquée.
A près d’un an et demi du début du mandat du gouvernement Akhannouch, le sondage a un écho particulier. Il révèle en effet un niveau de défiance particulièrement élevé chez les jeunes vis-à-vis de la politique. Une grande majorité d’entre eux a le sentiment de ne pas être défendue par les institutions puisque 8% des jeunes interrogés considèrent que le gouvernement n’est pas capable de les représenter et de défendre leurs intérêts. C’est en tout cas ce que révèle une étude de terrain menée dans les régions du Nord du Royaume par l’Observatoire du Nord des Droits de l’Homme (ONDH) et la Fondation « Future Élite », baptisée Indice de confiance des jeunes dans les institutions 2022.
L’étude a été menée au cours de la période comprise entre le 15 octobre 2022 et le 31 janvier 2023 dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. L’échantillon comprenait des jeunes âgés de 18 à 25 ans. Quantitativement, 400 jeunes hommes et femmes, répartis entre 53 % d’hommes et 47 % de femmes, ont répondu aux questionnaires sur le degré de confiance à l’égard des institutions élus et non-élues. Ce qu’on retient, en substance, c’est que les institutions souveraines (non élues) jouissent d’une grande confiance parmi la jeunesse marocaine tandis qu’une méfiance est constamment nourrie envers les institutions élues.
Dans le détail, l’armée, la sécurité nationale, la Gendarmerie royale et le système judiciaire arrivent en tête de cet Indice de confiance. Selon les résultats de la confiance dans les institutions souveraines (non élues), l’Armée s’est classée première avec un taux de confiance positif de 75 %, suivie de la sécurité nationale (72 %), la Gendarmerie Royale et des Institutions Judiciaires (61 %), qui devancent le ministère de l’Intérieur (51 %). Pour ce qui est de la confiance des jeunes envers les institutions élues et la société civile, les associations de la société civile ont enregistré un indicateur de confiance positif atteignant en cela 64 %, contre 30 % de méfiance. Les médias marocains arrivent en seconde position dans l’affaire avec un taux de confiance positif de 42 %.
D’un autre côté, rares sont les jeunes qui accordent encore leur confiance à la vie politique et aux partis politiques. tandis que l’indice de confiance est plus faible pour les institutions nationales élues telles que le parlement, le gouvernement et les partis politiques. Le gouvernement et les des partis politiques suscitent la méfiance de 80% des jeunes.
Défiance vis-à-vis du système éducatif
Les associations de la société civile enregistrent un indice de confiance positif. Il atteint 46% contre 93% qui ne font pas confiance. En deuxième position, les médias marocains arrivent avec un score de confiance positif de 42% contre 53% de méfiance. En quatrième place, les communautés locales jouissent d’un taux de confiance positif de 40% contre 54% de méfiance. Autre enseignement majeur de l’enquête, c’est la défiance vis-à-vis de l’école que l’on retrouve chez les premiers concernés: les jeunes. L’éducation nationale a récolté un taux de confiance positif de 33% contre un manque de confiance qui atteint les limites de 66%. C’est encore pire pour la santé publique à laquelle 76% des jeunes ne font pas confiance. Le Parlement n’est pas mieux loti. Seuls 21% des jeunes lui témoignent de la confiance.
Par confiance, on entend le jugement d’un jeune qu’une institution agisse dans son intérêt. La méfiance des jeunes vis-à-vis du gouvernement et des partis politiques est une alerte rouge à prendre très au sérieux. Sans confiance politique, la démocratie peut vaciller puisqu’un gouvernement issu des urnes est supposé être légitime, donc, jouissant la confiance des électeurs.