LE JEU TROUBLE D'ALGER

CONFLIT MALIEN

Une partie de la classe politique malienne l’assure: la capitale algérienne a bel et bien récemment tenté d’annexer une partie de la région de Kidal, au Nord-Mali.

Il n’y a donc pas que le Sahara marocain qui se trouve dans la ligne de mire de la junte d’Alger. Le Nord-Mali, en proie au conflit depuis janvier 2012 et la sécession proclamée alors par les séparatistes touaregs peuplant le territoire, semble lui aussi faire de plus en plus l’objet des mêmes visées irrédentistes de la voisine de l’Est, alors que celle-ci vient de reconnaître, suite aux protestations soulevées par le parti de l’Alliance démocratique du peuple malien (ADÉPM) à son encontre, avoir dépêché, au cours du mois de septembre 2020, une soi-disant “mission technique (...) à proximité de la localité frontalière malienne d’In Khalil”, dans la région malienne de Kidal, pour “effectuer des travaux de vérification des bornes du tracé frontalier algéro-malien”.

“Suite à certaines allégations formulées par des parties maliennes et reprises par certains médias maliens, faisant état d’une prétendue présence des éléments de l’ANP (Armée nationale populaire, ndlr) dans la localité frontalière malienne d’In Khalil et qu’une partie du territoire malien a été annexée par l’armée algérienne, le ministère de la Défense nationale tient à apporter un démenti formel à ces allégations tendancieuses,” accuse un communiqué du ministère de la Défense nationale algérien.

Prise de contrôle
Et d’affirmer, plus loin, que “l’Algérie (...) réitère son total engagement à respecter la souveraineté des États et le principe de l’intangibilité des frontières, notamment avec un pays frère en l’occurrence le Mali”. C’est que l’ADÉPM, dans un communiqué diffusé auprès des médias maliens, avait dénoncé “la violation du principe d’intangibilité” dont s’est selon elle rendue coupable l’Algérie, constituant par là même “une mise en cause de l’indépendance du Mali et des règles établies par les Nations unies”.

Le parti avait, au passage, également égratigné l’opération Barkhane, menée depuis août 2014 par la France au Sahel, et l’Organisation des Nations unies (ONU), en ce sens qu’elles auraient permis à Alger de prendre le contrôle, sans piper mot, d’un territoire réputé “riche en sous-sol”. Il s’agit là, surtout, d’un nouveau démenti, confirmé au surplus par la principale concernée, de la pseudo doctrine de non-ingérence de l’armée algérienne à l’étranger.

Cette dernière s’était, pour rappel, notamment directement engagée au Sahara marocain lors des deux batailles d’Amgala en janvier et février 1976, et d’ailleurs le parlement algérien vient d’adopter, le 10 septembre, un projet de révision de la Constitution poussé par le président algérien Abdelmadjid Tebboune en personne pour enfin autoriser légalement l’Armée nationale populaire (ANP) à se déployer à l’extérieur.

En ce qui s’agit particulièrement du Mali, beaucoup accusent le régime algérien, et ce malgré son discours de faiseur de paix l’ayant amené à chapeauter les accords de paix de 2015, de chercher à déstabiliser le pays par le biais notamment du groupe jihadiste Ansar Dine, et Alger s’était à un moment même opposé à la mise en place de Barkhane dans la région de Kidal, où la ville de Tessalit accueille désormais une base militaire de l’opération.

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