Président de la commission des infrastructures et de l’énergie à la première chambre du parlement, Mohamed Malal considère que le chantier de reconstruction doit être mené avec une rigueur irréprochable.
Vous êtes député d’Essaouira, où le séisme du 8 septembre 2023 a également été violent mais sans que l’on ait l’impression que cela fasse les grands titres des journaux. Pouvez-vous nous en dire plus sur la situation sur le terrain?
Tout d’abord, permettez-moi de présenter mes condoléances les plus sincères aux familles des victimes du séisme. La région dont vous parlez se situe à à peine 120 kilomètres de l’épicentre du séisme. Entre Chichaoua et ma circonscription électorale, il n’y a presque que 60 kilomètres. Les douars de ma circonscription ont donc également été touchés. Des habitations, pour la plupart des anciennes constructions, détruites toutes ou en partie; d’autres ont subi des dégâts. Nous avons enregistré la mort d’une dame, que Dieu l’ait en sa sainte miséricorde. En revanche, l’infrastructure routière n’a pas été endommagée. Et comme vous l’avez vu, la province d’Essaouira ne figure pas dans la liste des provinces visées par le programme de reconstruction lancé par SM le Roi. Il n’empêche que je dois dire que le séisme du 8 septembre est un signal d’alarme assez sérieux pour les pouvoirs publics, qui doivent absolument agir rapidement. Il y a quelques mois, des experts de la Banque mondiale nous avaient par exemple alertés sur les risques naturels dans la région du Maghreb et dans le pourtour méditerranéen.
Que vous avaient-ils dit au juste?
Au mois de février 2023, le directeur de la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) de la Banque mondiale, accompagné d’une dizaine d’experts en catastrophes naturelles (inondations, séisme, tsunami ou encore sécheresse) nous avaient présenté au parlement, au sein de la commission que je préside (infrastructures et énergie) un rapport que l’on peut certes considérer comme étant exagéré sur les risques naturels que notre pays encourt. Pendant presque quatre heures, les experts avaient avancé que le Maroc faisait face à une menace de tremblement de terre assez sérieuse avec une activité sismique très importante. Au-delà des conclusions quelque peu alarmistes de ce rapport, le risque demeure bien réel.
Alors que l’on est encore sous le choc du séisme du 8 septembre, que préconisez-vous en tant que député de la nation?
Il y a des mesures urgentes. SM le Roi en a énuméré certaines, dont la principale à mon sens est la création de centres régionaux d’alerte des catastrophes naturelles. Je pense que le gouvernement doit s’y atteler rapidement et accélérer l’installation de ces centres. La gestion et la prévention des catastrophes est une science à part entière. Il faut également accélérer l’implémentation du plan de reconstruction avec la rigueur que requiert un chantier de cette ampleur. Mais il y a des mesures pour le court et le moyen termes au sujet desquels le séisme nous a interpellés tous.
Quelles mesures à court et moyen termes, sachant que vous n’avez pas parlé du long terme…
Le Maroc n’a plus le temps d’attendre des décennies avant de ficeler tel ou tel programme. Nous sommes dans une zone à forte activité sismique, il faut donc se préparer en termes d’infrastructures, de formation et de prévention. Les centres évoqués plus haut entrent dans ce cadre. La sécheresse est devenue une donnée structurelle et le pays va manquer d’eau. Il faut dès à présent revoir notre modèle économique (réduire les cultures consommatrices d’eau et mettre fin au gaspillage de cette ressource), accélérer les programmes d’énergie solaire et éolienne, ce qui nous permettra entre autres d’économiser les coûts de dessalement de l’eau de mer. Aujourd’hui, une tonne d’eau désalinisée est facturée à 10, voire 12 dirhams. Or, avec l’énergie propre, le prix peut baisser de moitié. Nous attendons ce que va contenir le prochain projet de loi de finances censé prendre en compte tous ces éléments.