“Notre parti sera le premier du Maroc”
Prévu du 22 au 24 janvier 2016 dans la ville de Bouznika, le troisième congrès du Parti authenticité et modernité se tient à quelques mois des élections législatives, que la formation ambitionne de remporter. Autant dire qu’il s’agira d’un «congrès charnière», comme l’explique le président du comité préparatoire du congrès, Mohamed Cheikh Biadillah.
Maroc Hebdo: Le congrès à venir du Parti authenticité et modernité (PAM) se tient dans quelques jours dans la ville de Bouznika. Quelles devraient en être les principales nouveautés?
Mohamed Cheikh Biadillah : Il devrait certainement s’agir d’un congrès charnière dans l’Histoire de notre parti. Nous avions déjà tracé la voie lors de nos deux premiers congrès, respectivement tenus en 2009 et 2012. En ce sens, le congrès de cette année 2016 devrait consacrer certaines valeurs, certaines idées forces, qui nous tiennent lieu de crédo depuis notre fondation en 2008. Parmi ces idées, je retiens principalement la défense de la démocratie, dont nous avons fait la base de notre projet de société, et l’accompagnement des chantiers en cours actuellement dans notre pays, notamment celui de la régionalisation avancée, adopté dans le cadre de la nouvelle Constitution de 2011 et devenu une réalité concrète à l’issue des élections régionales de septembre 2015. A ce titre, le PAM devrait connaître une transformation majeure sur le plan organisationnel à l’occasion du 3ème congrès du 22 au 24 janvier 2016.
Comment cela? Mohamed Cheikh
Biadillah: Concrètement, nous allons nous doter d’un nouvel appareil, le bureau fédéral, qui devrait agir en complémentarité avec le bureau politique. Ce dernier devrait garder ses prérogatives politiques et stratégiques, qui consistent, notamment, à dessiner la feuille de route du parti dans la perspective des échéances à venir, avec consultation, bien sûr, du conseil national, le parlement de notre formation. Il devrait, cela dit, transférer l’aspect opérationnel, dont il s’occupait également jusqu’alors, au bureau fédéral. A ma connaissance, aucun autre parti ne dispose d’un tel bureau. Il nous servira de relais, notamment au niveau des régions, où nous comptons renforcer notre présence, à travers, principalement, l’action de terrain. Le bureau politique ne pouvait, à lui seul, continuer, par voie de conséquence, à garantir cette mission. Il garde sa fonction centrale en matière d’exécution.
Est-il vrai que le PAM s’apprête à basculer dans le socialisme?
Mohamed Cheikh Biadillah: Cette idée n’est pas d’actualité. D’ailleurs, nous n’en avons même pas discuté lors de la réunion du comité préparatoire du congrès, samedi 9 janvier 2016, au siège de notre parti dans la capitale, Rabat. Nous ne pouvons, en toute logique, changer d’identité à chaque congrès. La démocratie, je vous l’ai déjà dit, figure à la base de notre projet de société. Autour d’elle viennent s’agréger certaines valeurs à l’avenant. Je peux vous citer notamment la croyance sincère aux principes des élections, du pluralisme, de l’alternance, des droits humains. Nous vivons dans un monde dont l’un des actes fondateurs a été la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948. Cela aucun parti, aucune organisation, ne peut en faire abstraction. Nous, nous en avons même fait le moteur de notre dynamique idéologique.
En raison de cela, nous avons tôt été considérés comme un parti moderniste, sinon “socialiste”, comme vous venez de le relever. Il est vrai que nous n’avons jamais cessé de nous revendiquer de la modernité, qui figure d’ailleurs dans l’appellation même de notre parti. Mais il s’agit d’une modernité particulière, concordant dans l’ensemble avec les constantes fédératrices de notre pays.
Vous faites allusion à la religion musulmane notamment?
Mohamed Cheikh Biadillah: L’Islam fait partie intégrante de notre pays. Nous sommes le Maroc, un pays majoritairement musulman, et le PAM est, ne l’oublions pas, un parti marocain, qui défend un projet de société marocain, pour les Marocains. Nous ne souscrivons pas entièrement aux idées des Lumières, celles, notamment, de Voltaire, ni à celles de l’idéologie marxiste, qui considèrent la religion comme un opium pour le peuple.
Nous avons bien conscience de nos spécificités, qui constituent d’ailleurs une richesse pour nous, pour le peuple marocain, à l’échelle du monde entier. Elles garantissent également, par ailleurs, notre sécurité spirituelle, qui elle même figure à la base de la stratégie qui a propulsé aujourd’hui notre pays à l’avant-garde des pays en lutte contre le terrorisme. Nous comptons d’ailleurs aborder longuement la question au cours du congrès, d’autant qu’avec les attaques en France en novembre 2015, on voit que le fléau prend une ampleur effarante à l’échelle internationale. Notre pays, lui aussi, se trouve au centre de cette menace.
Croyez-vous que le PAM a dépassé aujourd’hui son image de parti d’administration?
Mohamed Cheikh Biadillah: Le PAM n’a jamais été un parti d’administration. C’est un leurre, servi par nos adversaires, pour décrédibiliser notre action, celle de nos membres. Dès lors qu’un parti prend de l’ampleur en un temps, certes, réduit, on cherche à lui accoler tout genre d’étiquettes. Je vous rappelle ce célèbre dicton français: “Qui veut abattre son chien dit qu’il a la rage”.
Voyez-vous, pourtant, dans un pays comme l’Espagne notamment, notre voisin du Nord, un parti comme Podemos est parvenu en quelques années seulement à devenir la troisième force politique outre-Gibraltar. Pourtant, personne n’y a rien à redire. Rabâcher, tout le temps, que nous sommes un parti d’administration, c’est oublier que le PAM résulte d’un moment historique, qu’il est au centre d’un maillage dont il porte la dynamique au travers d’un projet de société crédible et cohérent.
Les idées du PAM pourraient-elles suffire à convaincre l’électorat marocain lors des élections législatives prévues avant la fin de l’année 2016?
Mohamed Cheikh Biadillah : Ecoutez, nous travaillons pour cela. Notre parti a, aujourd’hui, suffisamment fait preuve, je le crois, de sérieux. Beaucoup de Marocains votent pour lui. Les élections communales de septembre 2015, lors desquelles nous avions terminé premiers, l’illustrent éloquemment.
Notre ambition, c’est de continuer de gagner la confiance de nos électeurs, et je pense qu’en l’état, nous en avons les moyens. Nous pouvons devenir le premier parti politique du pays.