Dans leur grande majorité, les Marocains ont toujours été fiers de l’exception qu’incarne leur pays dans le domaine de la tolérance, de la modération, du juste milieu, de la solidarité, de ses institutions démocratiques, dynamiques et perfectibles ainsi que d’une politique sociale qui prône le partage et une meilleure distribution des richesses pour lutter contre les disparités et contre les foyers de la misère et de la pauvreté.
Ils plébiscitent le fait que le Maroc soit une sorte de carrefour pour la cohabitation des civilisations, pour la promotion de la paix et de la stabilité dans le monde et pour sa ferme volonté d’oeuvrer sans relâche contre toute forme de violence et d’extrémisme et à agir en permanence pour des relations internationales basées sur le respect mutuel et la concorde entre les nations.
Ce tableau flatteur et somme toute conforme à nos traditions séculaires, reflète indéniablement cette marque exclusivement marocaine qui donne au Royaume une place inédite dans le concert des nations et le distingue des nombreux autres pays qui lui envient ce statut de précurseur des bonnes manières dans les rapports internationaux et d’élément de stabilisation et de médiation écouté et recherché dans l’arène mondiale.
En ce monde où les mutations et les probabilités de profonds développements s’amoncellent en filigrane à l’horizon et où le dernier choc de la pandémie de coronavirus est en train de dessiner les contours de nouveaux rapports de force qui vont conduire inexorablement à des déplacements des centres de décision et à l’émergence de nouvelles sources d’influence et de pouvoir, il n’est pas nécessaire d’être un grand expert pour esquisser le décor des changements qui sont appelés à intervenir, à plus ou moins brève échéance, dans les paramètres et les données de la gouvernance géopolitique de la planète.
Ce faisant, il y a un besoin pressant à ce que cette place et ce privilège que le Maroc doit d’abord à son histoire, à la sage politique de ses souverains, à l’hospitalité et à la générosité légendaires de son peuple gardent leur rôle d’atout majeur, en ces moments de turbulences, qu’il faut entretenir avec beaucoup d’habileté, de tact et d’esprit de responsabilité. Cela ne me paraît pas être le cas, hélas, avec le comportement extravagant et nuisible de certaines fractions marginales de notre société.
J’observe, en effet, qu’à l’heure de ces grandes convulsions universelles et au moment où les tendances populistes et même isolationnistes s’installent peu à peu dans certaines régions du monde, au moment où la lutte devient de plus en plus implacable pour se placer dans cet enchevêtrement planétaire en mouvement, des groupuscules et des ONG insignifiantes continuent, chez nous et depuis déjà très longtemps, d’agir au-delà des limites permises pour battre en brèche nos choix stratégiques et faire prévaloir d’autres sons de cloche, en opposition totale avec nos ambitions légitimes et nos convictions nationales.
Ce conglomérat minuscule, toujours à l’affût de tout ce qui peut fragiliser le pays ou le desservir et le déranger, est particulièrement performant quand il s’agit de faire du bruit et de crier dans le vide et nous savons qu’il n’a pas le sens de la mesure et ne possède aucune notion de la critique constructive ou de la revendication justifiée. Son dessein a toujours été de détruire ce que le Maroc fait de valable pour satisfaire les aspirations populaires et préserver son rôle d’acteur essentiel dans ses contributions à la marche du monde.
Cet assemblage hétéroclite qui excelle dans l’exercice du chantage et de la compromission a toujours tendu à démolir l’image et le rayonnement du Royaume sur le plan universel. On se demande d’ailleurs quelles sont les motivations réelles de ces organes microscopiques qui se placent délibérément en dehors du consensus national pour se muer en satellites des adversaires irréductibles de notre modèle politique et de notre trajectoire de développement pour mépriser systématiquement les intérêts supérieurs du pays.
Rescapés de la période des conspirations du siècle dernier et survivance des années de la confrontation des blocs et de la Guerre froide, ces habitués des souillures et de l’outrance dont les tentatives trompeuses de recyclage n’ont rien changé à leur culture des oeuvres occultes, sont aujourd’hui les otages de leurs relations incestueuses avec des cercles étrangers hostiles au Maroc qui les financent à profusion et qui orientent leurs sombres activités en leur imposant une tutelle indigne pour assouvir leurs objectifs inavouables et affaiblir les positions du pays et son prestige international.
Je me suis toujours interrogé sur ce que feraient ces égarés si, par un accident de l’Histoire difficile à imaginer mais toujours possible, ils arrivaient à obtenir, par une incroyable effraction, une passerelle pour gérer les affaires publiques du Royaume. Le feraient-ils sous la supervision de leurs pourvoyeurs actuels de fonds et engageraient- ils le Maroc sur la voie de la soumission et de la perte de ses ressorts souverains et de ses repères historiques intangibles? Ce scénario virtuel n’est pas une fiction ou une simple vue de l’esprit.
En acceptant d’être alimentés régulièrement en subsides par leurs correspondants de l’extérieur pour survivre et continuer, sous la pression de ceux dont ils sont devenus les obligés, de couvrir leur pays de tous les anathèmes possibles et de tous les défauts de la terre, en avouant ainsi leur dépendance de ces réseaux malfaisants dont l’objectif est de faire plier le Maroc avec la prétention de lui dicter sa ligne politique, ils administrent la preuve d’une appartenance artificielle à la communauté nationale et d’un attachement hypocrite et fictif à la patrie.
Depuis le temps que j’en appelle à mes modestes facultés mentales et que je fais souffrir mes cordes vocales pour alerter sur ces impostures qui relèvent d’un anti-système primaire obsessionnel, d’un esprit décadent et d’une stupéfiante absence de conscience patriotique, je note qu’à l’échelle de la pyramide de la décision, les échos sont rares et très loin d’être à la hauteur de l’urgence qu’exige l’impérieuse nécessité d’une neutralisation et peut-être même d’un démantèlement des chaînes et des circuits de la compromission, de l’agitation et de la pêche en eaux troubles dont l’objectif ultime consiste à faire céder les digues qui maintiennent notre stabilité et notre cohésion nationale.
C’est la raison pour laquelle je trouve incompréhensible et même consternante cette sorte de complaisance que l’Etat, décidément masochiste, semble entretenir à l’égard de ces glissements dangereux planifiés par des filières transfrontières de connivence avec leurs agents de l’intérieur pour saper les fondements du Royaume et sa grandeur. En face d’une offensive savamment orchestrée pour susciter et semer le chaos en vue d’annihiler les efforts des responsables destinés à mettre le Maroc en adéquation avec son référentiel et son socle de valeurs ancrées dans les profondeurs du temps de façon à le rendre plus résistant aux impondérables de la nature et de ses caprices, nos dirigeants se contentent d’observer une sorte de profil bas équivoque à l’égard de ces spécialistes des lynchages et des calomnies qu’ils s’efforcent même de ménager et d’entourer d’un certain laisser-faire au point de les faire apparaître comme des individus hors d’atteinte et intouchables, qui se croient dès lors autorisés à continuer d’entraîner le pays dans le tourbillon de la haine et de l’intolérance.
Je conçois que le propre d’une démocratie qui se respecte réside dans sa capacité à assurer équitablement et efficacement la sécurité des personnes et des biens et à protéger les libertés individuelles et collectives mais je persiste à penser qu’elle doit servir aussi et surtout à garantir la prééminence de l’autorité de l’Etat dont l’un des premiers rôles se situe dans sa résolution constante à empêcher les débordements imprévisibles et à remplir convenablement sa mission de régulateur impartial et de caution vigilante des diversités qui composent notre société.
Si on laisse écorner les attributs de la puissance publique et que l’on tolère la banalisation des règles qui fondent l’Etat de droit, alors il faudra s’attendre à des secrétions répétitives de perturbations et d’agissements nocifs pouvant faire germer des foyers de désobéissance larvée qui seraient alors interprétés comme synonymes d’une sorte de carence des pouvoirs publics, pourtant dépositaires de la mission du maintien de l’ordre et de la sécurité des citoyens, de la stabilité et du bon fonctionnement des institutions du pays. Si les libertés et le droit d’expression ne sont pas discutables et doivent même être renforcés et faire l’objet de sérieuses garanties, il reste qu’ils sont régis par un cadre légal qu’il est interdit d’enfreindre sous peine de déboucher sur des situations anarchiques ou sur une sorte de loi de la jungle propre à menacer les équilibres et l’harmonie du corps social.
Passe encore qu’on prenne pour cible des personnes physiques et qu’on les vilipende en toute impunité et sans risque d’être inquiété, mais qu’on veuille, à dessein, viser et clouer au pilori tout un pays et toute une nation avec le risque et le voeu même de compromettre pour longtemps leur devenir et plus globalement leur destin, il y a là de quoi se révolter et réclamer des comptes si aucune soupape de sécurité ne vient mettre fin à ces incroyables dérapages et à ces procédés inqualifiables.
Je suis un Marocain viscéralement accroché à ma filiation nationale et je suis toujours scandalisé quand on veut coller à mon pays des tartufferies et des contre-vérités en décalage total avec les réalités du terrain. Les pronostiqueurs des mauvais augures et les amateurs des accusations imaginaires sont inexcusables et ne sauraient profiter d’aucune indulgence même si leurs hallucinations n’ont pas d’impact, du moins pour l’instant, sur un Maroc puissamment outillé et ancré dans ses fondements et largement immunisé contre les tentatives de division et les facteurs d’affaiblissement.
PAR MAHMOUD ARCHANE