CE SONT LES MÉNAGES PAUVRES QUI SOUFFRENT LE PLUS DE L’IMPACT DE LA POUSSÉE INFLATIONNISTE
N’en déplaise au ministre délégué auprès de la ministre de l’économie et des finances, chargé du budget, Fouzi Lekjaa, qui avait annoncé que « l’inflation suit une trajectoire baissière progressive », l’évolution de l’inflation n’est pas ressentie en tant que telle par les ménages marocains, notamment les plus vulnérables d’entre eux, les pauvres et les ruraux.
En effet, selon le Haut Commissariat au Plan (HCP), qui vient de publier sa dernière enquête permanente de conjoncture, « la quasi-totalité des ménages déclarent que les prix des produits alimentaires ont augmenté au cours des 12 derniers mois de l’année ». Et même « pour les 12 prochains mois, la situation est loin d’être réjouissante ». Or, si tous les ménages subissent cette maudite inflation, ce sont les ménages pauvres, vulnérables et ruraux qui souffrent de manière disproportionnée de l’impact de la poussée inflationniste. Parallèlement au niveau général de l’inflation, la dispersion de l’évolution des prix qui composent le panier de l’IPC a considérablement augmenté ces derniers mois, ce qui signifie que la poussée inflationniste a des effets hétérogènes sur le bien-être des ménages en fonction des biens et services qu’ils consomment.
En effet, selon des calculs effectués par les experts de la Banque mondiale, l’inflation annuelle peut être 30 % plus élevée pour le décile le plus pauvre que pour le décile le plus riche. En outre, selon ces mêmes experts, les pressions inflationnistes pourraient être plus intenses dans le milieu rural, où les niveaux de pauvreté sont également plus élevés. Ces écarts d’inflation sont principalement dus à l’impact de la hausse des prix des produits alimentaires, qui représentent la part la plus importante du panier de consommation des ménages les plus pauvres.
Aussi, cette inquiétude qui règne parmi ces ménages les plus vulnérables est d’autant plus grave qu’elle semble se propager à l’ensemble de la population. Inquiétude directement liée à la dégradation du niveau de vie des ménages quelle que soit leur catégorie. Toujours selon la même enquête du HCP, « plus de 8 ménages sur 10 déclarent la dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois ». Le solde d’opinion a atteint son plus bas niveau comparativement à la même période de l’année dernière. « Pour les 12 prochains mois, les ménages restent pessimistes sur l’évolution de leur niveau de vie ».
Certes face à cette dégradation de la situation des ménages, le gouvernement n’est pas resté les bras croisés. Il a essayé de répondre aux chocs actuels de l’inflation par un ensemble de mesures visant à préserver le pouvoir d’achat des ménages par le biais des subventions de prix qui ont été coûteuses. Or, de manière générale, cet ensemble de mesures n’a contribué qu’ à préserver qu’un simple quart du panier de consommation de la poussée inflationniste, ce qui a nécessité , tant bien que mal, la mobilisation de dépenses publiques supplémentaires pour un montant de près de 2 % du PIB, principalement sous la forme de subventions. Cette approche a permis d’éviter dans une certaine mesure une augmentation plus prononcée de la pauvreté et de la vulnérabilité