Ilyes Messaoudi: "Ma grand-mère berbère m'a inspiré pour l'exposition Kahina"

Entretien avec Ilyes Messaoudi, artiste plasticien

Imprégnées par la couleur et la culture berbère, les toiles et les peintures sous verre de l’artiste-plasticien à l’oeuvre riche, Ilyes Messaoudi, sont d’une rare force. Il présente Kahina, solo show tissé de douze pièces à la galerie Foreign Agent, à Lausanne, jusqu’au 5 février 2022.

Comment avez-vous travaillé les douze oeuvres alliant l’art antique du collage de feuille d’or et d’argent églomisé de votre expo?
J’ai réalisé ces peintures sous verre à partir du texte de la Kahina écrit par Aurélien Simon. Elles illustreront le livre de cet auteur, qui paraîtra aux Éditions Orient, en février prochain, par les peintures sous verre. Un dessin préparatoire sur papier calque est indispensable pour le réaliser surtout lorsque la pièce contient beaucoup de détails et que le résultat recherché ressemble à une miniature arabe ou persane. Le dessin sur calque positionné sous la plaque de verre au moment de la peinture doit être mis à l’envers.

On débute par les détails, les traits de dessin en allant vers les aplats de couleurs. Le collage de feuille d’or, la technique églomisée apparaît en dernier. Enfin, le processus ressemble à un effet de miroir. Olivier Chow, collectionneur d’art africain, fondateur et directeur de la galerie Lausannoise Foreign Agent, milite depuis deux ans afin de faire connaître l’art contemporain africain au sein de sa région. Il défend des artistes nord-africains en ayant conscience de la particularité de cet art. D’emblée, son engagement me parlait, de plus, il trouvait que mon travail correspondait à la ligne de sa galerie.

Comment vous-êtes-vous imprégné de cette reine berbère pour les contours de votre art?
Etant d’origine berbère et ayant une grand-mère qui avait de magnifiques tatouages, pétrie de sagesse, elle m’a inspiré le personnage de la Kahina. Le lien incessant entre cette culture traditionnelle et la contemporanéité m’a toujours intéressé. Je suis admiratif de personnages féminines qui se sont émancipés en marquant l’Histoire. La Kahina est une des facettes de Sheherazade, l’héroïne de mon oeuvre «Les Nuits de Sheherazade» à laquelle je travaille depuis près de sept ans.

L’auteur Aurélien Simon connaît la Tunisie et les régions du Sud. Ayant mené des recherches au sujet de la Kahina, il a transmis de judicieuses références, à fleur de réalité au fil de son livre, alliant fiction et légende.

Vos oeuvres sont connues à l’international. Vous avez déjà exposé au sein de galeries à Londres, à New-York ou encore à Washington…
Effectivement, j’ai principalement exposé des toiles à l’international. Mes récentes peintures sous verre «Antar et Abla» ont été présentées à Paris à la galerie Claude Lemand, à la Fondation de la Maison de Tunisie et à la Maison de Ventes aux Enchères Rossini. Ma nouvelle série de peintures sous verre est exposée à Lausanne. Elle va à la rencontre d’un nouveau public qui ignore la culture berbère mais qui est de nature curieuse, ce qui insuffle à cette exposition une dimension didactique.

Quels sont les peintres ou les formes d’art qui vous passionnent?
Parmi les arts visuels, j’ai une passion pour les disciplines les plus classiques et les plus contemporaines, de la peinture à la performance. Je suis sensible à la musique qui explique, en creux, l’aspect pop de mon travail. Quant au cinéma et au théâtre, ils m’aident énormément à penser la composition et l’espace de mon oeuvre.

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