Directeur du centre d’innovation technologique de l’Ecole Mohammedia d’ingénieurs (EMI), Hassan Ammor partage dans cet entretien davantage d’informations sur les projets innovants présentés lors de la récente compétition internationale “IWA 2023”, dans laquelle lui et ses étudiants se sont particulièrement illustrés.

Vous avez pris part à la compétition “Innovation Week America (IWA) 2023” en présentant des projets innovants conçus par des étudiants marocains. Parlez-nous cette participation.
Après avoir récolté des médailles d’or récemment à Las Vegas et San Francisco, nous avons participé avec six inventions à la compétition internationale des inventeurs et innovation, Innovation Week America “IWA 2023”, qui a été organisée en ligne à Boston et Chicago les 14 et 28 octobre 2023. Nous avons de nouveau honoré le Maroc en remportant neuf médailles d’or; six à Boston et trois à Chicago. Et nous avons, par conséquent, été nominés pour le Grand Prix de cette compétition.

Les projets gagnants mettent en avant différents domaines tels que la médecine, la communication et la télécommunication. En quoi consiste celui qui relève du domaine médical?
Notre scanner marocain pour la détection précoce du cancer du sein est unique dans son fonctionnement et sa conception. En plus, il est moins cher, plus léger, plus petit, pas nocif pour la santé. Il aura un grand succès dans les domaines médicaux. Il consiste en la réalisation d’un réseau d’antennes intelligent en technologie “micro-ruban” pour la détection du cancer du sein par imagerie micro-onde ou par technique radiofréquence. Les systèmes développés dans ce projet sont uniques dans leur fonctionnement et leur conception. L’imagerie par micro-onde est une nouvelle méthode prometteuse pour la détection précoce du cancer du sein. L’idée de base est fondée sur la différence des paramètres diélectriques entre la tumeur et le tissu mammaire normal en utilisant 12 antennes micro-rubans. La méthode reconstruit l’image du sein à partir des signaux reçus qui sont dispersés et réfléchis à l’intérieur du volume du sein...

Qu’en est-il de la radiofréquence?
Pour la technique radiofréquence, la localisation de la tumeur sera déterminée à partir des différences de phases entre les deux antennes réceptrices pour chaque position d’angle en utilisant 24 antennes micro-rubans directives tout en conservant leur utilisation dans la bande de fréquences ISM (bande industrielle, scientifique et médicale) et en satisfaisant les exigences des normes internationales en termes d’adaptation, de bande passante, de gain et finalement d’ouvertures de rayonnement. Ce réseau d’antennes autour du sein va maximiser son illumination électromagnétique, ce qui permet d’aider à discriminer entre les propriétés diélectriques des tissus sous test et améliorer ainsi le processus de reconstruction d’image. Ces mesures peuvent être utilisées pour résoudre le problème inverse et, de fait, reconstruire l’image 2D des propriétés diélectriques du sein.

Quid des autres innovations digitales?
Nous avons présenté une antenne microcellulaire intelligente pour résoudre le problème de fraude et de tricherie dans les différents examens. Celle-là a été conçue pour valoriser nos diplômes marocains. Il existe également d’autres projets innovants qui touchent au domaine de la télécommunication, notamment les réseaux mobiles 4G et 5G. Dans ce cadre, nous avons inventé deux antennes originales, en technologie microrubans, pour minimiser l’effet électromagnétique du GSM sur la tête et l’oeil. Nous avons également réalisé un réseau d’antennes en technologie microruban pour communiquer à bas coût avec les satellites. Et enfin, nous avons réalisé une plateforme pour la détection précoce d’une maladie cardiaque rare, et ce en recourant à l’intelligence artificielle.

La conception d’un projet requiert un financement et un accompagnement spécifique. Dans votre cas, quels sont les moyens qui ont été mis en place pour permettre aux jeunes compétences marocaines de briller à l’international?
Il y a peu de moyens technologiques, ces projets nécessitent des moyens financiers et instruments très chers. Nous les avons réalisés à travers des collaborations personnelles avec des centres européens pour faire des mesures expérimentales et valider nos projets. Il faudrait mettre en oeuvre des moyens technologiques et des bourses afin d’encourager les jeunes chercheurs à produire et à innover. Ceci va limiter la fuite des cerveaux et des compétences marocaines vers des pays plus industrialisés.