Hassan Aboutayeb: "Les Marocains sont de plus en sensibles au tourisme durable"

Interview de Hassan Aboutayeb, Consultant en tourisme durable et fondateur de l’Ecolodge Atlas Kasbah.

Le tourisme durable pourrait être une des locomotives pour relancer le secteur touristique national, touché de plein fouet par la crise sanitaire. C’est la conviction de Hassan Aboutayeb. Explications.

Le tourisme durable pourrait-il être une alternative au tourisme de masse, lourdement affecté par le Covid-19?
Je suis intimement convaincu que le tourisme durable et responsable constitue l’avenir du tourisme national et international durant la période post-pandémique. Aujourd’hui, on constate une hausse des touristes nationaux dans ce secteur.

La demande, qui était déjà perceptible avant la pandémie, s’est renforcée durant cette crise sanitaire. Nous remarquons que les Marocains sont de plus en sensibles au tourisme durable, d’où l’importance de préparer une offre adaptée dans les prochaines années pour leur permettre de profiter davantage des plaines, des montagnes, des randonnées, surf, etc.

Quel est le profil de votre clientèle?
Nous avons accueilli des tourismes venus de Casablanca, de Rabat et d’autres localités du Maroc durant les vacances d’été 2020 dans notre région, Souss-Massa. C’est une clientèle qu’on n’avait pas l’habitude de recevoir, car elle partait souvent dans des grands clubs en Espagne, en France, etc. Ces touristes souhaitaient découvrir d’autres espaces, apprécier la nature et faire des découvertes culinaires.

Le ministère du Tourisme a récemment lancé l’initiative «Ntla9awfbladna» pour inciter les Marocains à découvrir les richesses du Royaume. Quelles sont, selon vous, les mesures à mettre en place pour adapter cette offre touristique au pouvoir d’achat des Marocains?
C’est une action louable. L’objectif est de faire découvrir aux Marocains leur pays. Des statistiques ont démontré qu’à peine 15 voire 20% des Marocains séjournent dans des formules d’hébergement marchands, notamment dans les hôtels.

Notre pays doit faire de sorte qu’un touriste sur deux soit national pour stimuler l’économie et le bien-être de nos populations. Le ministère doit aussi encourager les infrastructures touristiques à travers des allégements fiscaux pour les soutenir dans ce contexte de crise.

Il faudrait aussi adapter cette offre touristique au pouvoir d’achat des Marocains, dont 80% préfèrent des formules non marchandes, à travers certaines incitations, notamment les chèques-vacances octroyés aux entreprises qui peuvent prendre en charge 50 à 80% des frais. C’est une façon intelligente de motiver leur personnel et de les fédérer. Ce concept existe en France depuis 1982.

A mon avis, les grandes entreprises du secteur public doivent être les premières à s’investir dans ce domaine pour montrer l’exemple. Le secteur privé national également ne doit pas être en reste, et l’Etat pourra les accompagner avec des mesures fiscales incitatives. Comment valoriser les produits touristiques pour séduire cette clientèle? Nous sommes dans un moment décisif pour transformer positivement notre tourisme.

On doit mener des changements profonds pour requalifier l’offre touristique nationale, à travers des investissements dans des projets durables, former des ressources humaines qualifiées et moderniser les infrastructures existantes pour offrir aux tourismes des établissements d’hébergement de qualité. Les Marocains recherchent la qualité, ils veulent être dans des lieux confortables, sûrs et sécurisés.

La certification des établissements touristiques mise en place par le ministère du Tourisme constitue justement une belle initiative pour rassurer cette clientèle exigeante. Ce serait important aussi de développer le tourisme éducatif pour permettre aux écoliers de mieux connaitre leur pays, surtout pendant les vacances.

L’agritourisme est un concept en vogue dans certains pays européens comme la France. Le Maroc ne devrait-il pas y miser davantage?
Le Maroc devrait développer davantage son potentiel dans l’agritourisme. L’agritourisme pourrait soutenir les espaces ruraux qui souffrent de plusieurs problématiques.

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