Présidentielle américaine de 2024

HARRIS-TRUMP, TRUMP-HARRIS, BLANC BONNET ET BONNET BLANC POUR LE MAROC?

Si pour certains commentateurs c’est Donald Trump qui ferait le plus les affaires du Royaume, la vérité est que la profondeur des relations bilatérales se place sans doute à un niveau qui dépasse largement celui d’un simple scrutin.

À moins de deux mois de la présidentielle américaine, prévue le 5 novembre 2024, les jeux sont, pour le moins, loin encore d’être faits. Entre Donald Trump, et Kamala Harris, les électeurs sont plus que jamais en train de vaciller.

Au Maroc, face à ce duel sans merci, l’interrogation qui est sur toutes les lèvres est celle-ci : qu’est-ce qui arrange le plus, au final, les affaires du Royaume? Ou, pour le dire de façon plus directe, lequel des deux candidats est le plus à même de permettre à Rabat d’en finir pour de bon avec l’épine du Sahara marocain. Même si cette dimension n’est bien sûr pas la seule à conditionner les relations maroco- américaines, il n’en demeure pas moins que c’est la plus vitale, et c’est celle qui a d’ailleurs du moins, au cours des dernières années, le plus poussé pour que le Maroc et les États-Unis raffermissent davantage leur partenariat stratégique.

référence est faite ici à la décision prise en décembre 2020 de reconnaître la marocanité des provinces du Sud. Cette décision, faut-il le rappeler, c’est à Donald Trump qu’elle avait été due, motivé qu’il était de rallier, en échange, le Maroc aux accords d’Abraham. Accords dans le cadre desquels d’autres pays arabes ont normalisé avec Israël, notamment Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Soudan. Et c’est partant qu’il est commun de lire chez certains commentateurs qu’un retour aux affaires du milliardaire républicain pourrait être assurément bénéfique au Maroc.

À cet égard, il est vrai que Donald Trump ferait tout, logiquement, pour pousser, espèrent certains, à enfin entreprendre la construction du consulat promis à Dakhla et dont le financement reste pour l’instant principalement bloqué du fait de bisbilles entretenues par certains élus américains pro-séparatistes au Congrès. Mais pour autant, il faut aussi le souligner: si c’est à Donald Trump qu’il faut imputer l’acte courageux qu’avait été de consacrer la souveraineté du Maroc sur son Sahara par la première puissance mondiale, il n’a toutefois fait, en fin de compte, qu’officialiser une position que l’on tenait déjà, sous le boisseau, au sein de l’appareil d’État, à telle enseigne que ce dernier s’est d’ailleurs empressé de faire en sorte que la décision ne s’arrête pas à un seul décret mais soit suivie d’effet sur le terrain.


Au plan militaire, un des plus parlants sans doute quand on doit évoquer les rapports avec les États- Unis, le complexe militaro-industriel américain est aujourd’hui à fond derrière le Maroc pour lui fournir l’armement qui peut lui permettre de défendre, au niveau du Sahara marocain, le territoire national, où les Forces armées royales (FAR) doivent faire face depuis près de quatre ans aux tentatives d’agression des milices séparatistes du Front Polisario -une partie du plan global et intégré de 20 milliards de dollars sur la décennie 2020-2030 devait, ainsi, être assuré par ledit complexe-, sans compter que l’US Army elle-même se déploie depuis plusieurs années maintenant à Mahbès, à quelques encablures du mur de défense marocain, dans le cadre de l’exercice annuel conjoint “African Lion”.

Et cet état de fait, Kamala Harris, si c’est elle qui en vient finalement à gagner, ne peut faire l’impasse dessus, d’autant que ce soutien américain n’est pas, personne ne va se leurrer, de nature philanthropique mais obéit à de nombreuses considérations géopolitiques et géostratégiques objectives: le Maroc, c’est le principal allié des États-Unis en Afrique du Nord-Ouest, c’est-à-dire pas uniquement au Maghreb arabe mais aussi le Sahel, où les pouvoirs en place sont désormais en différend ouvert avec Washington. L’administration américaine sait que cette partie de l’Afrique la diplomatie marocaine bénéficie de précieuses entrées.

Il y a également la question israélienne qui, de l’aveu de nombreux responsables à Tel-Aviv même, ne pourrait certainement être réglée, que par le truchement du Maroc. Au final, côté marocain, le 5 novembre va-t-il compter pour du beurre? C’est sans doute ce qui se rapproche le plus de la vérité, et peutêtre vaut-il aussi de rappeler que 236 ans plus tard, c’est avec le Maroc que les États-Unis continuent d’entretenir leur plus longue amitié -une donne qui ne peut constituer un simple hasard...

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