Hammouchi dans la cour des très grands

Coopération sécuritaire avec l'Allemagne, les USA...

Réception du directeur de la police allemande, déplacement aux États-Unis: s’il est un sécuritaire avec qui il faut actuellement être en compagnie, cela semble bien le patron de la DGSN et de la DGST.

Abdellatif Hammouchi est décidément un personnage couru. En moins d’une semaine, le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) et de la Surveillance du territoire national (DGST) a reçu, le 10 juin 2022 dans la ville de Rabat, son homologue allemand, Dieter Romann, avant de se rendre six jours plus tard aux États-Unis pour notamment s’entretenir avec la directrice du renseignement national de l’oncle Sam, Avril Hainse, celui de son agence centrale du renseignement (CIA), William Burns, et celui de son bureau fédéral d’investigations (FBI), Christopher Wray. Dans le cas de M. Romann, qui, au passage, était flanqué d’une importante délégation sécuritaire, il s’est agi, comme l’a indiqué un communiqué de la DGSN, “de développer les mécanismes de coopération bilatérale dans le domaine de la sécurité et de renforcer le partenariat sécuritaire au service des intérêts communs du Royaume du Maroc et de la République Fédérale d’Allemagne, ainsi que le partage d’expériences et d’expertises dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et les diverses formes de criminalité transnationale organisée”.

Tandis que la visite outre-Atlantique, elle, s’est inscrite, toujours selon la même source, “dans le cadre d’un contexte marqué par le renforcement et le développement du partenariat sécuritaire entre les services sécuritaires marocains et les agences fédérales américaines chargées du renseignement et de l’application de la loi”. Que les responsables sécuritaires des pays les plus puissants du monde fassent la cour à M. Hammouchi ne doit, toutefois, guère surprendre: depuis qu’il a pris, en décembre 2005, les commandes de la DGST, il a contribué à donner aux services marocains une réputation qui dépasse désormais les seules frontières du monde arabe et de l’Afrique. Les pays cités lui ont d’ailleurs tous dû, à un moment ou un autre, une fière chandelle, en partageant avec eux des informations cruciales qui leur ont permis de déjouer des attentats sur leurs sols ou qui visaient leurs citoyens (la CIA et le FBI avait notamment adressé, début février 2021, des messages de félicitations et de gratitude on ne peut plus officiels à la DGST après que celle-ci les a aidés quelques mois plus tôt à mettre le grappin sur un soldat américain stationné en Allemagne qui était en contact avancé avec l’organisation terroriste de Daech).

Échange d’informations
La coopération sécuritaire, pour reprendre une expression en vogue, est d’ailleurs désormais devenue une importante carte diplomatique à laquelle le Maroc ne se retient plus, au besoin, de recourir, comme l’Allemagne en sait justement elle-même quelque chose puisque une des raisons pour lesquelles son nouveau gouvernement, dirigé depuis le 8 décembre 2021 par le social-démocrate Olaf Scholz, était revenu sur la position hostile du pays européen à l’intégrité territoriale du Royaume et avait choisi de considérer suite à son installation l’initiative marocaine pour la négociation d’autonomie comme une “contribution importante” avait été la décision des services marocains de cesser tout échange d’informations (lesquels services reprochaient, aussi, à leur niveau, à leur vis-à-vis allemands de transmettre à la lettre tous ce qu’ils recevaient de leur part à l’ancien condamné pour terrorisme et opposant Mohamed Hajib). Nul, dit-on, n’est prophète en son pays: M. Hammouchi a, lui, le rare privilège de l’être aussi bien chez lui qu’ailleurs...

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