MORT DU BERGER DE TAZA
Son corps, enseveli sous la neige, a été retrouvé, samedi 3 novembre 2018, dans les hauteurs de Bouiblane, dans la région de Taza. Certains évoquent la négligence des autorités, qui n’ont pas réagi à temps pour sauver le pauvre berger.
Les photos du corps inerte enseveli sous une épaisse couche de neige, qui ont rapidement fait le tour de la toile, ont profondément ému les Marocains. Hamid Baali, un berger d’une trentaine d’années, est mort de froid, samedi 3 novembre 2018, dans les hauteurs des montagnes de Bouiblane, dans la région de Taza. Il a été découvert, tard samedi, par les équipes de secours de la Gendarmerie royale. Le terrible drame n’a pas manqué de faire réagir les Marocains sur les réseaux sociaux. Si certains évoquent les fortes chutes de neige qui se sont abattues sur la région, fin octobre, et qui ont encerclé le berger, d’autres n’hésitent pas à pointer du doigt la négligence des autorités, qui n’ont pas réagi à temps pour secourir le bonhomme. Ses proches, qui habitent dans le douar Tancheraramet, un patelin totalement enclavé, sans routes ni moyens de communication avec la région de Taza, ont signalé sa disparition, le vendredi 26 octobre 2018. Aidés par les habitants, ils ont lancé l’alerte maximale aux autorités trois jours plus tard.
Secours tardifs
Les internautes, notamment sur les réseaux sociaux, ont relayé l’information, qui a rapidement circulé. Mais les recherches menées tant par les locaux que par les forces de la Protection civile, ainsi que par la Gendarmerie royale, auront tardé à aboutir, tant les chutes de neige étaient si fortes qu’elles masquaient probablement la vue aux secouristes. De nombreux habitants du douar rapportent néanmoins avoir aperçu, plusieurs fois, un hélicoptère de la Gendarmerie royale sillonner le ciel de la région pour tenter de maximiser les recherches. Une version qui a été relativisée ou néanmoins critiquée par les responsables de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), qui expliquent que le recours aux hélicoptères a été tardif, intervenant le jeudi 1er novembre, soit deux jours seulement avant la mort du berger et deux jours après la tempête de neige. Celle-ci, qui a soufflé avec une force «apocalyptique» selon les propos d’un témoin, avec des rafales de vent à plus de 100 kilomètres o l’heure, a éclaté dans la nuit du mardi 30 à mercredi 31 octobre. Elle a produit d’énormes chutes de neige jamais tombées dans cette région depuis de très nombreuses années.
Elle a également provoqué des dégâts matériels considérables avec des panneaux électriques endommagés et des arbres arrachés. D’autres associations locales, qui ont rejoint l’AMDH dans ses critiques adressées aux autorités, craignent que d’autres victimes tombent dans les prochaines semaines et appellent ainsi au désenclavement de la région. Au lendemain de la mort de Hamid Baali, un rassemblement a été organisé dans son village pour protester contre les lenteurs des secours. Sur les réseaux sociaux, l’image du berger au visage émacié, rongé par la misère mais au sourire révélant une dentition toute blanche continue de circuler avec des hommages rendus à un Marocain courageux et digne. Un Marocain qui appartient au Maroc profond, celui qui se retrouve sur les hauteurs et dans les collines, sans voies d’accès suffisantes ni infrastructures dignes de ce nom pour affronter les conditions rudes du climat, qui s’ajoutent à celles de la vie.