LE DÉPUTÉ-MAIRE CONTROVERSÉ DE KSAR EL KEBIR FAIT PARLER DE LUI ENCORE

Haj Simou, le dernier excentrique du Parlement

La justice a ordonné le gel des avoirs de Mohamed Simou pour des faits présumés de “dilapidation de deniers publics”, et “détournement de fonds”. Un nouvel épisode dans le parcours du député et maire de Ksar El Kebir.


Lundi 22 janvier 2024 au Parlement. Une énième séance plénière comme les autres se tient à la chambre des Représentants. Des parlementaires posent des questions, et des ministres répondent. “Je vous remercie d’avoir accompagné le projet royal pour la réduction des disparités territoriales. Mais je vous propose une cellule pour l’entretien des routes”, lance en toute sérénité et d’une voix assez contestataire, Mohamed Simou, un des députés présents, pour interpeller Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau sur la situation du réseau routier dans certaines zones.

Une séquence qui n’a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux, étant donné que l’auteur de la question, vient de voir ses avoirs se faire geler le jour même pour son implication présumée dans des affaires de “dilapidation de deniers publics”, et “détournement de fonds”. Des faits pour lesquels Mohamed Simou, élu parlementaire de la circonscription de Ksar El Kebir et surtout président de la même commune urbaine sous les couleurs du Rassemblement national des indépendants (RNI), est poursuivi en état de liberté provisoire depuis le 26 décembre 2023, date de sa comparution, aux côtés de 12 autres personnes, devant la juge d’instruction du tribunal des crimes financiers de Rabat.

Une intervention pour le moins osée pour beaucoup, d’autant que l’intégrité des élus au Maroc est revenue au premier plan, avec de nombreux procès en cours et surtout le message du Roi Mohammed VI à l’occasion du 60è anniversaire de l’hémicycle dans lequel il a relevé l’importance de l’éthique dans l’action politique. Il faut dire que Mohamed Simou, ou Haj Simou, a toujours su sortir du lot.

De par ses typiques looks en djellabas en lin et chapeaux en fourrure, et surtout ses actions et ses sorties. “Je n’ai passé le certificat d’études primaires qu’en 2000, avec des prisonniers. Je l’ai fait parce qu’on me traitait de politicien illettré mais c’est la faute de l’État qui ne m’avait pas éduqué. Les Marocains m’ont choisi, vous avez un problème avec ça?”, affirmait-il en 2021 sur les ondes de Med Radio. Quelques années auparavant, en 2016, alors qu’il est élu sous les couleurs du Mouvement populaire, il est taxé de “tueur de chiens” et se fait vivement critiquer pour avoir ordonné la mise à mort des chiens errants par arme à feu.

Déboires judiciaires
Mais c’est en 10 janvier 2023 que Haj Simou fait la une et enflamme la Toile lorsqu’il organisait une cérémonie d’accueil dans son fief à Ksar El Kebir à l’international Achraf Hakimi, quelques jours après que celui-ci ait été l’un des artisans de l’épopée du Maroc au Mondial qatari. Assis au côté de sa mère, elle-même originaire de Ksar El Kebir, la star du PSG qui vaut des dizaines de millions en Europe se fait servir un plat de bissara par Mohamed Simou.

Et c’est toujours avec cette même assurance que Haj Simou réagit à ces récents déboires judiciaires. En réponse aux interrogations sur le gel de ses avoirs, son entourage évoque des manoeuvres menées par ses rivaux du Parti de la justice et du développement (PJD) pour influencer le cours de l’enquête. Prochain épisode, le 2 février 2024 lorsque le maire de Ksar El Kebir comparaîtra encore une fois devant la juge d’instruction.

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