GUERGUERAT, CLAP DE FIN

LE MOUVEMENT SÉPARATISTE EN ERRANCE

La communauté internationale condamne les provocations du Polisario au poste frontière de Guerguerat. Celles-ci constituent une violation des cinq dernières résolutions du conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara marocain.

L’on ne peut pas comprendre ce qui se passe à Guerguerat, poste frontière entre le Maroc et la Mauritanie, si l’on ne met pas en perspective des paramètres diplomatiques. Référence est faite ici à l’état de la question nationale devant les Nations Unies. Tant de résolutions ont été votées par le Conseil de sécurité depuis des décennies! Cette haute instance onusienne vient d’en adopter une nouvelle, le 30 octobre 2020 (R.3548).

C’est ce texte qui constitue désormais la référence. Le mandat de la MINURSO est prorogé, de nouveau, pour douze mois. Mais, en même temps, comment ne pas en tirer cette première conclusion: le mandat de cette Mission est réduit, il ne porte plus pratiquement que sur le cessez-le-feu? Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, l’a affirmé en des termes clairs, en soulignant que le Conseil n’a pas cédé ainsi «à la logique du chantage (...) qui prônait une modification des missions onusiennes».

Le mouvement séparatiste en a tiré les enseignements et il s’est déporté sur un autre terrain: celui de Guerguerat. La communauté internationale, dans une large majorité de 165 membres de l’ONU, ne reconnaît pas la prétendue «RASD». Et cette donnée se vérifie au Conseil de sécurité, où 13 membres ont voté la dernière résolution, les deux autres -la Russie et l’Afrique du Sud- s’étant abstenus. Le vote de Pretoria? Il n’a pas le même sens que celui de Moscou, tant il reste marqué au coin de l’hostilité depuis toujours, recyclant celui de l’Algérie...

Multiplication des provocations
Guerguerat maintenant, pourquoi? Le Polisario l’avait annoncé depuis des semaines en organisant des convois sous escorte algérienne à partir des camps de Tindouf. Il entendait obstruer la circulation civile et commerciale régulière dans la zone tampon de Guerguerat. L’ONU avait été informée des «appels» des séparatistes pour de «nouvelles manifestations». Une première réaction avait été exprimée par la voix de Farhan Haq, porte-parole adjoint du chef de l’exécutif onusien: «Aucune mesure ne doit être prise qui pourrait constituer une altération du statu quo de la zone tampon».

Et d’appeler à «la plus grande retenue et à désamorcer toute tension» en ajoutant que la MINURSO «surveille la situation» dans la région. Dans son rapport au Conseil de sécurité en date du 23 septembre 2020, Antonio Guterres, a considéré que «la situation à Guerguerat est restée globalement calme», et ce au grand dam du Polisario. Mais, depuis la fin du mois de septembre, se multiplient les provocations visant à bloquer durablement le trafic civil et commercial transitant par Guerguerat. L’agenda est évidemment lié à celui du mois d’octobre au cours duquel la question du Sahara marocain est à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

La main de l’Algérie est derrière ce plan. Il s’agit de poursuivre plusieurs objectifs, liés entre eux d’ailleurs: tenter de donner une visibilité et une médiatisation au Polisario à la veille des délibérations du Conseil de sécurité et de la 4ème Commission de l’Assemblée générale, porter atteinte aux intérêts économiques du Maroc et de la Mauritanie; susciter des tensions sociales dans ce dernier pays par suite de la rupture des provisionnement en denrées essentielles à partir du Maroc.

La main d’Alger
Dans son discours du 6 novembre, le Souverain a mis en garde contre les provocations des séparatistes. En même temps, il a tenu à réitérer la fermeté du Maroc pour ce qui est des exigences de stabilité et de sécurité dans les provinces sahariennes récupérées et en particulier dans sa frontière méridionale avec la Mauritanie. Depuis des semaines, le Royaume a fait montre de responsabilité et de sagesse. Mais il demeure entendu qu’il y a des «lignes rouges» qui appelleront, le cas échéant, des mesures appropriées.

Le Conseil de sécurité reste saisi du dossier; le Secrétaire général de l’ONU a une information complète et actualisée de tous ces actes du mouvement séparatiste et ce sur la base de l’observation quotidienne et des comptes rendus de la MINURSO sur place. Arrivera bien un moment où il faudra que les dispositions de l’accord militaire de septembre 1991 sur le cessez-le-feu soient appliquées et qu’elles ne donnent plus lieu à des variantes qui leur sont éloignées.

Du côté marocain au poste frontière de Guerguerat, se trouvent deux postes; du côté mauritanien, c’est le point kilométrique 55 -la zone tampon couvre quelque trois kilomètres. Il faut ajouter, par ailleurs, que les intérêts de la Mauritanie sont en cause. Les importations, en fruits et légumes surtout, en subissent les effets de plein fouet, renchérissant les prix. De plus, comment ne pas voir que c’est une atteinte à la sécurité alimentaire de ce pays, à sa souveraineté et, partant, aux autorités?

Il y a une interdépendance économique et stratégique entre le Maroc et la Mauritanie et même au-delà, avec l’espace ouest-africain. Tout le monde est gagnant dans la continuité du trafic commercial dans cette région. La sécurité y est une contrainte majeure qui ne peut qu’être prise en compte et priorisée par Rabat, Nouakchott et l’ONU. L’historique du mouvement séparatiste, depuis plus de quatre décennies, a connu bien des avatars, tous soldés par un échec. N’estce pas aujourd’hui le clap de fin d’un scénario et d’un tournage portés par l’Algérie? Tout le monde on convient...

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