Comment le groupe OCP est en train de conquérir l’Afrique


Le groupe OCP présent dans quatorze pays africains


Selon toute logique, le groupe OCP devrait se tailler une large part dans le futur marché de l’agriculture africaine, où il est appelé à brasser près de 300 milliards de dollars en 2030.

Cela va sans dire que le groupe OCP est un maillon essentiel de la politique africaine du Maroc. A travers les projets qu’il mène dans une quinzaine de pays du continent, le géant phosphatier apporte sa pierre à ce qu’il est devenu commun d’appeler la «diplomatie parallèle». Sont notamment visés les pays reconnaissant la pseudo «République arabe sahraouie démocratique » (RASD) à l’instar de l’Éthiopie et du Nigéria, où le groupe OCP avait lancé en novembre et décembre 2016, à l’occasion des visites que le roi Mohammed VI y avait faites, des «mégaprojets», selon la terminologie utilisée, devant coûter respectivement la bagatelle de 3,7 et 2,3 milliards de dollars. L’Angola, le Ghana, le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie, qui ont la même position par rapport à l’intégrité territoriale du Royaume, sont également concernés. Le groupe OCP est présent à travers sa filiale OCP Africa, lancée en février 2016. OCP Africa vise à relever le défi d’une agriculture structurée, innovante, performante et durable en Afrique.

Il serait toutefois réducteur de ramener le déploiement du groupe OCP en Afrique à sa seule dimension diplomatique. L’intérêt de la chose est également financier, puisque le secteur agricole est appelé à brasser 300 milliards de dollars dans le continent en 2030. En 2050, les produits agricoles pourraient à eux seuls concentrer 30 à 50 milliards de dollars.
De par sa position de leader sur le marché des engrais, appelée à perdurer pour les décennies voire les siècles à venir du fait de l’accaparement par le Maroc d’environ les trois quarts des réserves connues de phosphates, le groupe OCP devrait selon toute logique se tailler une large part de ce futur marché.

Outre la logique politique qui les soustend, les projets lancés en Éthiopie et au Nigéria ont justement vocation à le mettre en pole position. Dans le premier pays cité, la plateforme intégrée de production d’engrais qui doit voir le jour en 2022 permettra d’assurer une production de 2,5 millions de tonnes par an, susceptible d’être portée à 3,8 millions de tonnes à partir de 2025. Elle doit notamment comprendre un complexe intégré de production d’engrais, des unités industrielles et des unités de stockage. Dès cette année par contre, l’usine d’acide phosphorique lancée suite à l’accord avec le groupe nigérian Dangote Industries commencera à produire un million de tonnes, pouvant par la suite à tout moment doubler. Ledit accord comprend également la mise en commun d’unités de production complémentaires à Jorf Lasfar au Maroc et à Lekki au Nigéria et une joint-venture.

Détail important: aussi bien les projets éthiopien que nigérian tirent profit des synergies en matière des ressources naturelles. D’une part, le Maroc apporte ses phosphates. De l’autre, les pays tiers mettent à contribution leur gaz et leurs potasses. Les projets en Éthiopie et au Nigéria avaient été précédés par l’inauguration, en février 2016 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Jorf Lasfar, de l’Africa Fertilizer Complex, une usine de production d’engrais entièrement dédiée à l’Afrique et qui comprend une unité d’acide sulfurique, une unité d’acide phosphorique, une unité d’engrais, une centrale thermoélectrique et des infrastructures de stockage. Son coût total est estimé à 5,3 milliards de dirhams.

Position de leader
Reste que la réussite de l’entreprise du groupe OCP en Afrique est tributaire de ce que le continent réussisse l’industrialisation de son agriculture, et ce sur toute la chaîne de valeur. Le poids de l’agriculture demeure en effet trop faible au regard du potentiel du continent. Pour ce faire, le groupe OCP met à disposition des agriculteurs les produits les mieux adaptés aux sols, de sorte à leur garantir de meilleurs rendements et, par là même, de meilleurs revenus.

En Éthiopie, le développement d’engrais spécifiques aux cultures de maïs a par exemple permis, ces quatre dernières années, d’améliorer les rendements de 37%. Le groupe OCP a notamment pu compter sur la cartographie de la fertilité des sols qu’il a lancée au niveau de quatorze pays en Afrique. L’opération résulte d’une collaboration avec le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime et un consortium national de partenaires.

Optimiser les coûts logistiques
Le groupe fait justement de la recherche et du développement un des piliers de sa stratégie. Il aide également les agriculteurs à accéder plus facilement et plus directement aux intrants nécessaires à leur activité et à leur apporter le soutien et les services. Son programme Agribooster les fournit notamment en engrais et leur permet d’entrer en relation avec les industriels et les consommateurs. Dans le même sens, le groupe OCP avait signé en février 2017, en marge de la visite de S.M. le Roi Mohammed VI en Guinée, un protocole d’accord avec le gouvernement du pays pour approvisionner les agriculteurs en engrais, qui, depuis, a permis de quintupler leur consommation annuelle tout en réduisant la charge sur les finances publiques grâce notamment à la contribution des logisticiens et des transporteurs pour optimiser les coûts logistiques.

Le groupe OCP planche actuellement sur la mise en place de plusieurs unités de stockage et de blending qui viendraient s’ajouter à celles en cours de déploiement en Côte d’Ivoire et au Rwanda, et ce dans le but de permettre à ses responsables d’être agiles, de mieux s’adapter aux besoins locaux, de se rapprocher des bassins de consommation et d’améliorer la disponibilité de son produit, selon une source autorisée.

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