L’État social est en cours de consolidation dans le Maroc de Mohammed VI. Beaucoup de faits en témoignent.
En juillet 1999, le Roi Mohammed VI accède au Trône du Royaume du Maroc. Dès son intronisation, il fut qualifié de «Roi des pauvres» par la presse de l’Hexagone, eu égard aux nombreuses activités caritatives qu’il avait jusqu’alors menées en qualité de prince héritier. Depuis, il a pris la mesure de l’insécurité sociale dans laquelle vivaient de larges franges de Marocains. Du «social», il en ferait et il en fait encore sa priorité. C’est une vérité implacable. Près de 23 ans plus tard, il en donne encore la preuve.
Le 25 mai 2022, à Rabat, la généralisation de la sécurité sociale a couvert les agriculteurs, que les aléas et le changement climatiques rendent encore plus vulnérables dans leur écrasante majorité. Il n’est question que de quelques jours ou de quelques semaines pour que tous les travailleurs non-salariés -dont les fellahs font partie- profitent du régime de l’Assurance maladie obligatoire de base (AMO). En juillet 2020, il trace la voie à ce chantier gigantesque qui vise à assurer la protection sociale à tous les Marocains, sans exception aucune, ceux qui travaillent ou qui chôment, les riches autant que les pauvres.
Il ne faut pas avoir la mémoire courte. Il est derrière toutes les grandes réformes à caractère social, même quand parfois cela va aux antipodes des «recommandations » des institutions financières internationales telle le Fonds monétaire international (FMI). D’ailleurs, si la question «sociale» a été le fait marquant du nouveau règne, c’est parce que la nouvelle ère a hérité d’un Maroc fragilisé à coups de plan de structuration menés justement par le même FMI dans les années 1980 et sous l’effet de la libéralisation économique dans laquelle s’est engagé le Royaume dans les années 1990. Deux événements qui ont engendré de grandes disparités sociales.
N’est-ce pas lui qui a lancé, en mai 2005, l’Initiative nationale pour le développement humain INDH et des réformes dans le domaine de l’auto-entreprise, du transport? Il a édifié des infrastructures structurantes qui ont brisé l’isolement d’une partie du «Maroc inutile» (pour reprendre l’expression coloniale).
C’est lui, aussi, qui a ressuscité le système de protection sociale, réduit à peau de chagrin à cause de scandales de malversations ayant entaché ou condamné à la faillite nombre de caisses de retraite. Aujourd’hui, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), qui était jadis menacée de mettre la clé sous le paillasson, a recouvert sa solidité financière. Elle a lancé, depuis quelques années, l’indemnité chômage, une sorte de mini assurance-chômage certes, mais cela dépend de quel angle on voit le verre à moitié plein.
Que cette Caisse étende sa palette de remboursement des prestations de soins et de prise en charge des maladies chroniques à des catégories de la population inéligibles jusqu’à un passé proche, ce n’est pas qu’un petit exploit, avouonsle! D’aucuns diront que les richesses ne sont pas distribuées de façon égalitaire. Ce qui n’est pas totalement faux. Car les subventions (ce qui en reste du moins) de certains produits de première nécessité ne servent plus vraiment comme un des filets de sécurité sociale qui jugule l’inflation des prix et préserve le pouvoir d’achat des Marocains. Mais c’est un problème lié à la gouvernance, à la reddition des comptes, au courage politique de faire régner l’équité et de ne plus privilégier ceux qui récoltent la part du lion des richesses produites.
Somme toute, l’État social est en cours de consolidation dans le Maroc de Mohammed VI. Beaucoup de faits en témoignent. Ne dit-on pas que l’élément central de l’État-providence, ou de l’Etat social, sont les assurances sociales (assurance chômage, assurance maladie, pension de retraite…). Elles sont déjà là. Maintenant, il est peut-être temps de les revaloriser?.