Appel à nos frères de tindouf : La patrie, toujours clémente et miséricordieuse


Depuis 48 ans, seule l’Algérie profite du conflit civil au Sahara marocain. En refusant de continuer à être instrumentalisés, les Sahraouis engagés dans le séparatisme peuvent dès aujourd’hui mettre le holà. Le Maroc est grand ouvert pour les accueillir en son sein.

Combien sont-ils? 40.000? Quatre fois plus? Beaucoup moins? Faute de volonté sérieuse de recense ment de la part de l’Algérie, le nombre exact de Sahraouis marocains dans les camps de Tindouf reste aujourd’hui encore un mystère insondable. D’ailleurs, elle est là la raison pour laquelle le Maroc rejette depuis plus de vingt ans l’organisation d’un pseudo référendum d’autodétermination dont les dés seraient pipés à la racine.

Autant, en effet, acter dès à présent la séparation du Sahara marocain, étant donné qu’une votation à laquelle prendrait part un corps électoral taillé sur mesure ne saurait constituer autre chose qu’une consécration expéditive du plan de partage décidé par les puissances européennes au XIXe siècle et poursuivi avec un acharnement rare, si ce n’est pathologique, par la voisine de l’Est depuis près de 48 ans.

Au demeurant, Marocains et Algériens seront bien d’accord sur au moins ceci: que la situation dans les camps ne saurait être admise. D’année en année, c’est un ton de plus en plus alarmiste que l’on retrouve dans les différents rapports humanitaires, et ce indépendamment des parties derrière. Début octobre 2022, c’est le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, qui donnait de nouveau l’alerte: un “risque d’insécurité alimentaire grave et de malnutrition” existe. En dépit de l’assistance prodiguée par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il rappelait que les rations alimentaires ont été réduites de 80%, en conséquence de quoi “une forte prévalence de malnutrition aiguë globale, d’anémie et de retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes et allaitantes” a été observée. Sans compter les problèmes relatifs à l’éducation, l’énergie et le logement et dont le caractère catastrophique a été cité comme d’ampleur non moins égale.

Biberonnage à la violence
Publié ce mardi 7 mars 2023, le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (PAM) sur les camps pose les mêmes constats et met également directement en cause l’Algérie. De son côté, le Maroc s’active depuis plusieurs mois pour sensibiliser la communauté internationale eu égard au sort des enfants recrutés par le Polisario pour alimenter ses milices.

Le combat que mène notamment à ce niveau le représentant permanent du Royaume auprès de l’ONU, Omar Hilale, est remarquable de détermination et a permis à de nombreux observateurs de mieux saisir la réalité de ce biberonnage à la violence qui, hélas, amène de nombreux jeunes des camps à rallier, sans même avoir encore atteint leur majorité, les groupes jihadistes pullulant dans l’espace saharo-sahélien. Ainsi fut à titre d’exemple parlant le destin d’Adnane Abou Walid al-Sahraoui, de son vrai nom Lehbib Ould Ali Ould Saïd Ould Joumani, tué en août 2021 par l’armée française à la frontière malo-nigérienne après avoir pris quelques années auparavant les commandes de Daech dans le Grand Sahara.


La ville de Smara en plein essor.


Relais médiatiques
Tout cela pour cela, donc? Pas moins d’un demi-siècle d’exil, pour que des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants finissent par être instrumentalisés au profit d’agendas qui s’intriquent de plus en plus, entre le rêve oedipien d’Alger de “tuer” son vis-à-vis marocain, et, depuis une demi-douzaine d’années aussi, l’Iran pour chercher à exporter la soi-disant “révolution islamique” dans la région? En tout état de cause, le Maroc poursuit, lui, son bonhomme de chemin. Depuis la récupération de la Sakia El Hamra en novembre 1975 et l’Oued Ed-Dahab en août 1979, le Sahara marocain connaît un développement fulgurant. Avec notamment le modèle de développement de la région lancé en novembre 2015 par le roi Mohammed VI à Laâyoune et aussi la construction en cours du port de Dakhla, les provinces sahariennes peuvent même aspirer à constituer le futur grand hub de l’Afrique du Nord-Ouest.


Que peut bien y faire le Polisario? Mener la lutte armée? Depuis novembre 2020, il essaie tant bien que mal, mais rien n’y fait: avec l’achèvement en avril 1987 du mur de défense, la donne a été tranchée de façon décisive. Par conséquent, il en est réduit à des communiqués journaliers se gargarisant de victoires seulement remportées sur papier. Croit-il que l’Algérie lui viendra en aide? Ses relais médiatiques peuvent bien bomber, à longueur de dépêches, le torse et menacer le Maroc, toujours est-il qu’en fin de compte, elle a été incapable de réagir lorsque les Forces armées royales (FAR) sont intervenues à Guerguarate -avant-même tout accord de coopération sécuritaire avec Israël, soit dit en passant- pour en chasser les milices séparatistes.

Marchands d’armes
En définitive, elle est consciente, comme le Royaume lui-même en est conscient, qu’un conflit bilatéral prendrait forcément une allure pyrrhique et qu’en dehors peutêtre des marchands d’armes personne n’en sortirait gagnant (surtout pas les peuples marocain et algérien).

A moins que le revanchisme personnel du chef d’état-major de l’armée algérienne, à savoir le général Saïd Chengriha, ne finisse par l’emporter et qu’il persiste à vouloir laver l’humiliation d’avoir été vaincu et capturé par le Maroc lors de la première bataille d’Amgala fin janvier 1976; dans ce cas, mieux vaut pour lui qu’il soit mieux inspiré que les apprentis sorciers qui, en octobre 1963, avaient tenté de prendre Ich et Figuig avant de pleurer quelques semaines plus tard le fait que “les Marocains “hagrouna”” (ils nous ont méprisé, en dialectal). Voilà où nous sommes, en tout cas: pour reprendre la fameuse formule du discours de la Marche verte du 6 novembre 2014, le Maroc reste dans son Sahara et le Sahara reste dans son Maroc.

Menaces directes
Les pays tiers qui ont compris l’aspect vital que représente pour lui son intégrité territoriale, qui est même à ses yeux “le prisme à travers lequel [il] considère son environnement international”, le soutiennent désormais et ce sous une forme ou une autre, soit par le biais d’une mise en exergue de l’initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie, soit carrément l’ouverture de consulats -une trentaine depuis décembre 2019.

Plan d’autonomie
En outre, la menace sécuritaire qui pèse sur la région, et que le Polisario représente lui-même -rappelons que son prétendu “premier ministre”, Mohamed Wali Akeik, avait proféré des menaces directes d’attentats terroristes en novembre 2021 dans l’hebdomadaire britannique “The Economist”-, fait que la communauté internationale est dans sa large majorité opposé à l’établissement d’un État d’ores et déjà condamné à être failli: c’est ce qu’avait confié en avril 2019 le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz au journaliste palestinien Abdel Bari Atwan, en citant des échanges avec différents responsables occidentaux. N’est-ce finalement pas le moment de renoncer à la chimère de la “république sahraouie”?

Au sein du Polisario, ils sont certainement nombreux qui, avant même d’avoir lu notre appel, ont parfaitement compris la situation. Tiennent-ils à l’identité sahraouie qui, pour eux, les distinguent? Le plan d’autonomie leur ouvre la voie. Il offre même à l’ensemble de la population du Sahara marocain, y compris l’Oued Noun, de disposer d’organes législatif, exécutif et judiciaire dotés de compétences exclusives pour gérer elle-même et démocratiquement ses affaires. Du reste, le Maroc constitue au fond, comme l’exposent éloquemment les politologues Béatrice Hibou et Mohamed Tozy dans leur ouvrage d’avril 2021 “Tisser le temps politique au Maroc”, un empire; ce qui fait que, contrairement à une république jacobine comme l’est celle de l’Algérie ennemie de toute forme d’expression culturelle différente -kabyle, entre autres-, tout le monde peut avoir voix au chapitre: aux côtés des composantes arabo-islamique et amazighe, celle saharo-hassanie trouve d’ailleurs toute sa place dans l’actuelle Constitution.


La belle grande place de la ville Laayoune.


Revenir au bercail
Quarante-huit ans d’une guerre civile, car c’est de cela qu’il s’agit en dernier ressort, c’en est plus que trop, et il est temps qu’à l’instar des autres quarante millions de Marocains vivant entre le Maroc et le reste du monde, ces compatriotes puissent également contribuer à la marche collective du pays.

Celui-ci est bien évidemment loin de constituer un paradis sur terre; au contraire, les tares qui l’éprouvent sont multiples et sont pointées du doigt dans ces colonnes-mêmes, quand l’actualité s’y prête. Mais ainsi il en va, en fin de compte, de l’histoire de toute nation, et en l’occurrence la nation marocaine. De la geste du “Sahraoui” Ibn Tachfine en passant par les dynasties successives et jusqu’à l’opposition d’El-Ouali Moustapha Sayed lui-même, fondateur du Polisario, à la colonisation espagnole, le Maroc a toujours eu sa profondeur saharienne chevillée au corps. Maintenant, la balle est dans les “camps” pour revenir au bercail, leur bercail, la mère-patrie.

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